" Les lieux dans l'oeuvre de Jean-Marie Gustave le Clézio "
Mohamed Daw
Directeur(s) de thèse
Jean-Michel Wittmann (UL)
Composition du jury

M. Jean-Michel WITTMANN Université de Lorraine Directeur de thèse

Mme Béatrice BLOCH l'Université de Poitiers Rapporteure

Mme Sylvie FREYERMUTH Université de Luxembourg Rapporteure

M. Nicolas BRUCKER Université de Lorraine Examinateur

Date et heure de soutenance
Lieu de soutenance
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Résumé

Engager la réflexion sur les lieux dans un roman est très important, mais aussi très difficile, car elle se situe à tous les niveaux textuels. C’est pourquoi, lorsqu’on cherche à comprendre un roman, il ne faut pas se contenter de décrire les lieux, il faut aller au-delà et saisir ce qui organise l’espace et lui confère un rôle d’actant. Autrement dit, le lieu désigné n’est jamais un élément neutre ou insignifiant. Cette évidence apparaît avec force à la lecture de l’œuvre de Le Clézio. Parler des lieux chez l’auteur, c’est en effet parler d’un espace complexe, aux dimensions multiples et variées (littéraire, sociologique, politique, philosophique…), c’est, en fait, réfléchir sur les relations que le texte institue entre tous ses éléments et qui contribuent à donner du sens au récit. Sur ce plan, il se dégage de l’œuvre leclézienne une récurrence d’un livre à l’autre de quelques lieux puisés dans le vécu de l’écrivain, portant témoignage d’une époque et décrits d’une manière poétique, parfois avec fureur. Ces lieux peuvent se décliner en trois espaces : le Désert, la Ville, la Mer. Ce sont là les thèmes obsessionnels du romancier-poète que l’on retrouve en parcourant sa production littéraire. Ces trois sujets porteraient en eux une dualité : la nature opposée à la civilisation. Le Clézio est attiré par les vastes étendues, par les espaces immenses et illimités, ces lieux originels, où tout est pur, non usés par la durée du temps et non marqués par l’intervention de l’homme : c’est le désert, c’est la mer. À ces espaces mythiques s’oppose la civilisation occidentale incarnée par la société urbaine, une société dépeinte négativement : espace découpé, sectorisé en quartiers, la société urbaine, c’est-à-dire la ville, reflète les divisions et les inégalités sociales ; elle représente l’endroit où les hommes sont enfermés, privés du contact avec la nature et avec les autres. Cette dichotomie entre deux mondes fait penser qu’il ne peut exister de compromis entre la nature et l’humanité. Or, rien n’est moins sûr. La pensée leclésienne comporte en effet plusieurs niveaux de lecture et soulève de nombreux questionnements : - Est-il vrai que Le Clézio essaye de nous introduire dans un univers scindé en deux : l’un bon, gardant ses liens avec le sacré, le mythe ; l’autre mauvais, illustré par la ville labyrinthe et l’excès de la modernité ? - Assistons-nous plutôt à une approche poétique des lieux ? - Le but de Le Clézio n’est-il pas de peindre sa vision d’un monde ? - Et si l’œuvre leclézienne n’est-elle finalement qu’une autobiographie ! C’est l’objet de ce travail d’apporter un début de réponse à ces interrogations.