Voix prophétiques dans le roman nicaraguayen : entre résurgence du mythe et contestation sociale

Dans les romans nicaraguayens, les voix prophétiques ne manquent pas, et quoique la fiction déploie des imaginaires ou donne à lire des réélaborations, les figures du prophétisme qui y apparaissent se font l’écho de réalités, historique, sociale ou culturelle, aisément identifiables. Qu’il s’agisse des révolutionnaires et des utopistes, des guérisseuses indiennes ou de personnages angéliques, des écrivains enfin, tous rappellent à leur manière le sens étymologique et la première acception du « prophète » comme étant celui « qui dit d’avance », celui qui « annonce », mais sans satisfaire totalement aux définitions communes, sans nécessairement être les interprètes d’une volonté divine ou connaître de façon certaine l’avenir.

Ces voix prophétiques se caractérisent pour la plupart par une forme de subversion et possèdent une fonction critique. C’est par la stratégie discursive du contraste, de la dichotomie, que ces voix prophétiques précisément dissidentes, sont valorisées dans les romans : du réquisitoire contre le présent à la réactivation des mythes, elles proposent le plus souvent un futur à la lumière du passé, qui revendique identité et mémoire.

Nous aborderons d’abord le prophétisme du révolutionnaire, entre futur utopique et passé mythique ; puis nous nous intéresserons à la voix prédictive des guérisseuses en tant qu’elles peuvent constituer un contre-discours social ; nous étudierons ensuite des réécritures d’inspiration biblique créant des voix angéliques dégradées ; nous nous demanderons enfin dans quelle mesure les écrits de romanciers qui se veulent éthiques, ne font pas de ceux-ci une voix prophétique moderne, certes atténuée mais non moins signifiante.

Date(s)
Lieu
CAEPR Metz | 18h30 - 20h
Organisateur(s)
Nathalie Besse (Université de Strasbourg- CRIAL - Centre de Recherche Interuniversitaire sur l'Amérique Latine - EA 2052)