" La fluidité du sujet chez maître Eckhart "
Thomas PETRUZZELLA
Nom (lien)
Directeur(s) de thèse
Marie-Anne Vannier (Université de Lorraine, Ecritures) et Andreas Speer (Université de Cologne, Thomas-Institut)
Résumé

Longtemps oublié en raison de son procès, Maître Eckhart est une figure majeure du XIV° siècle, que l’on redécouvre aujourd’hui comme faisant partie des « Lumières du Moyen-âge » (Mojsisch, 1996) et devenant ainsi un précurseur sur les philosophies du sujet, introduite par René Descartes (Alain de Libera, 2007, 2008, 2014 ; Vannier, 2011). Même si des études eckhartiennes ont analysé le concept de sujet (Mojsisch, 1996 ; Beccarisi, 2005), l’engouement pour les recherches sur Eckhart montre bien que la question est loin d’être épuisée. De plus, nous avons conscience de l’émergence de la subjectivité avec Augustin et Eckhart, et pour cette raison, nous nous attacherons au concept de fluidité, qui semble caractériser la pensée d’Eckhart, étant liée à sa dialectique. Au lieu de comprendre l’être humain comme un microcosme, bien déterminé, Eckhart le définit, de manière originale, par sa liberté. Créé libre, ayant la capacité de choisir, le sujet se constitue, comme en témoigne toute sa dialectique autour du terme de Bild (image) : Entbildung, Einbildung, Überbildung, qu’il développe dans le Sermon 40, Sermon de l’homme noble. En nous référant à la « métaphysique du flux » (Mcginn, 2017) du Thuringien, nous tenterons tout d’abord, par une analyse sémantique, d’élucider comment le sujet se constitue, ce qui aura ensuite pour but de savoir, par une analyse anthropologique et théologique, pourquoi il se constitue de manière fluide. Et enfin, nous envisagerons de comprendre, par les concepts de liberté et de grâce, la fluidité comme constitutive du sujet. Nous nous attendons donc à ce que la notion de fluidité rende compte de la constitution du sujet chez Maitre Eckhart.