" Théâtre et sacré : analyse d'’une interculturalité dramatique dans le théâtre de Paul Claudel et Élie Wiesel "
Guila Clara Kessous
Directeur(s) de thèse
Pierre Halen, Jeff Kline (cotutelle)
Composition du jury
  • Pierre BRUNEL, professeur des Universités, université Paris-4
  • Pierre-Marie BEAUDE, professeur des Universités, université de Lorraine, président du jury
  • Pierre PIRET, professeur des Universités, université catholique de Louvain
  • Pierre HALEN, professeur des Universités, université de Lorraine, directeur de thèse
Date et heure de soutenance
Résumé

Ce travail est en continuité avec le mémoire de DEA s’intitulant : « Théâtre et Sacré : Théâtre du sacrifice ou sacrifice du théâtre dans Le Soulier de Satin de P. Claudel et Le Dibbouk de P. Anski ». On y retrouve le même souci de sacralité au théâtre sous un angle bien spécifique: la transmission du sacré au travers de deux archétypes – la forme du mystère chrétien et la forme traditionnelle du pourim spiel – qui font l’objet d’une analyse comparée et qui sont moteurs de spiritualité dramatique interculturelle dans les deux oeuvres envisagées. L’ambition de cette étude vise donc plus spécifiquement la chose littéraire proprement dite au travers d’une analyse de formes archétypiques et de ses manifestations dramatiques chez E. Wiesel et P. Claudel. Sans rentrer dans une quelconque polémique religieuse, la visée de l’étude est de montrer ce qu’est la folie créatrice en train de se faire devant un public en passant par des préoccupations esthétiques (selon la culture des deux auteurs), artistiques (l’influence de la musique et du temps) et bien sur purement dramatiques (analyse de l’écriture, de la dramaturgie, sémiologie…). Les nombreuses allusions bibliques de ces deux oeuvres seront aussi envisagées. Est-ce à dire que l’on a affaire à un théâtre religieux, à des mystères divins qu’il faut lire comme des actes de foi ? Au contraire, la religionpréexistante arrive ici comme moteur du sacré, comme dynamique des tensions et n’est qu’un ingrédient efficace au transport du public (et de l’auteur). L’espace scénique gomme la transcendance divine type pour installer une transcendance d’une autre forme : celle du théâtre en lui-même qui est l’autel sur lequel est sacrifié et sublimé l’acteur. Les questions auxquelles ce travail tente de répondre sont les suivantes : comment transformer le sacré religieux en sacré artistique au travers de l’Art Dramatique et comment s’y prennent deux auteurs de différentes confessions religieuses ? Existe-t-il des topoï (des lieux communs) de ce passage du hors-scénique au scénique quand on touche au domaine du sacré (étude historique des « Mystères » médiévaux et parallèle avec la tradition du Pourim Spiel) ? Si oui, quels en sont les symboles et comment se manifestent-ils dans le « matériel » théâtral (décor, costumes, accessoires…). Enfin, y-a-t-il une parole du Sacré plus adéquate au hors-temps du Spirituel ou le Logos se traduit-il dans une prose quotidienne qui transfigurée dans sa quotidienneté même devient poétique au XXe siècle.

Thèse initalement soutenue à Boston University le 17 avril 2008. Nouvelle soutenance à l'université Paul-Verlaine le 8 septembre 2008.

Abstract:
This work deals with the transmission of the sacred through two archetypes: the form of Christian mystery and the traditional form of the Jewish Purim spiel. This study focuses specifically on the actual literary content through a comparative analysis of archetypical forms and of their dramatic expressions in two plays of E. Wiesel and P. Claudel. The aim of this study is to analyze aesthetic preoccupations (according to the culture of the two authors), artistic ones (the influence of the music and of the time) as well as pure dramatic preoccupations (analysis of the writing, of the dramaturgy, semiology…). The numerous biblical allusions of these two works will also be considered. Do we have to deal with religious theatre, with divine mysteries as acts of faith? On the contrary, the pre-existing religion occurs here as a catalyst of the sacred, as a dynamic of tensions and is an efficient ingredient for the enthusiasm of the public (and of the author). The scenic space eliminates the divine sort of transcendence in order to set up another form of transcendence: the one of the theatre itself that is the altar on which the author is sacrificed and sublimated. The questions which this work attempts to respond to are the following: how to transform the religious sacred into an artistic sacred through Performing Arts and how do two authors of different religious confessions proceed at this? What are the “topoi” (commonplaces) of this passage from the “out of scenic” to the scenic when you touch the domain of the sacred (historic study of the medieval « Mysteries » and parallels with the tradition of the Purim spiel)? If it is the case, what are the dramatic symbols and how do they become significant in the dramatic « material » (scenery, costumes, accessories…)? Finally, can the Logos be translated into a daily prose, which, by being transformed within its everyday nature, becomes dramatic in the work of E. Wiesel and P. Claudel?