" La christologie de la Figure face à l’absolu anhistorique de la mystique indienne. La théologie de l’Incarnation du Hans Urs von Balthasar "
Joji Philip Joseph Kakkaramattathil
Directeur(s) de thèse
Marie-Anne Vannier (UL)
Composition du jury

Mme Marie-Anne VANNIER Université de Lorraine Directrice de thèse

M. Philippe VALLIN Université de Strasbourg Rapporteur

M. Michel VAN PARYS Collège Grec, Rome Rapporteur

M. Job GETCHA École Pratique des Hautes Études  Examinateur

Date et heure de soutenance
Lieu de soutenance
Metz - Salle Ferrari
Résumé

Le sujet de recherche peut se résumer ainsi : « la relation entre le sensible et l'absolu dans l'Incarnation selon Balthasar, comparée à la théologie hindoue de l'avatar ». Dans un contexte pluraliste, très souvent mêlé de croyances et coutumes populaires, la question de l'historicité d’un Absolu pourrait être un terrain théologique de dialogue. La vision de Dieu révélée par les avatars (manifestation de Divin hindou dans le monde), est-elle la même que celle révélée par le Christ ? Y a-t-il une différence radicale entre ces deux révélations ? Comment le Verbe peut-il s'exprimer dans le monde fini ? De plus, comment comprendre l'aspect « une fois pour toutes » de l'Incarnation du Christ par rapport à la pluralité des avatars d'âge en âge avec des objectifs particuliers ? La conception esthétique de la théologie de Balthasar, privilégiant le caractère concret du Jésus historique qui a un caractère objectif pour être « vu » en dehors des suppositions anthropologiques subjectives, peut-elle être une réponse ? Pour Balthasar, le Dieu vivant, doit être suprêmement concret et non quelque chose d'abstrait. La raison esthétique est prédominante dans la théologie de Balthasar. L'idée fondamentale de l'esthétique est relativement simple : dans l'Incarnation, la forme même (Gestalt) de Dieu a été définitivement révélée fournissant une mesure à laquelle toute autre forme doit être mesurée. Il place l'Incarnation du Christ au centre même de sa théologie. La figure du Christ est l'herméneutique de la révélation comme expression de Dieu. Son analyse phénoménologique, montrant le caractère esthétique, s'articule autour de la question de la Figure : Dieu lui-même a pris une Figure (Gestalt). Un autre accent de Balthasar est la matérialité de la foi chrétienne. Ce n'est pas un pur mysticisme et pour cet auteur, la contemplation mystique de Dieu (la conscience de sa présence) est inextricablement liée à la matérialité de la manifestation. La christologie de Balthasar alors basée sur la formule chalcédonienne : une personne en deux natures sans confusion, lui permet d’affirmer la possibilité de concevoir Jésus comme Divino-humain dans le contexte historique, incarné dans l'histoire avec toutes ses vicissitudes. Balthasar lui-même a posé plusieurs questions concernant la relation entre Dieu et le monde, la question de l'altérité et de la non-dualité, le concept de personne, la nécessité de la création, etc. A partir de son élaboration théologique de la propriété transcendantale, Balthasar explique que seulement dans la Beauté, la Vérité est bonne et que la Bonté est vraie. Il voit la beauté comme l'union indissoluble de deux choses : l'espèce et la lumière. La beauté consiste en une forme spécifique et tangible (espèce) accessible aux sens humains avec une splendeur émanant de la forme (lumen). Pour notre auteur, l'unité de la Vérité et du Bien dans la Beauté se manifeste surtout dans ce qui devrait être l'objet de la théologie, mais qui a été presque complètement oublié par les théologiens : la Gloire de Dieu, qui s'incarne en Jésus-Christ, personne historique. Balthasar a ainsi tenté de construire une philosophie et une théologie à partir d'une analogie, non pas d'un être abstrait, mais de l'être tel qu'il se rencontre concrètement dans ses attributs non catégoriels, mais transcendantaux). Et comme les transcendantaux parcourent tout l'être, ils doivent être intérieurs les uns aux autres : ce qui est vraiment vrai est aussi vraiment bon et beau et un. Un être apparaît, il est épiphanie : en cela il est beau et nous émerveille. En paraissant il se donne, il se livre à nous : il est bon. Et en se donnant, il parle de lui-même, il se dévoile : il est vrai (en soi, mais dans l'autre à qui il se révèle).