" Technocritique : une religiosité incarnationnelle "
Hind LAMANI
Nom (lien)
Directeur(s) de thèse
Baptiste RAPPIN
Résumé

À la jonction de la théologie et de l'anthropologie des techniques, le présent travail analyse les discours technocritiques contemporains en défendant la thèse de leur religiosité incarnationnelle, rapportée à la fois aux métamorphoses du religieux dans les sociétés occidentales et au développement technique dans celles-ci. Tandis que le développement technique moderne dématérialisant et désincarnant s'inscrit dans les schémas corporels dualistes allant de Platon à Descartes, le mystère de l'Incarnation christique fait de l'incarnation humaine l'indépassable condition d'existence et, après avoir servi de socle à des penseurs chrétiens critiques de la technique tels que Jacques Ellul ou Ivan Illich, sert de fondement séculier, sous sa conceptualisation philosophique de chair, à la contestation des nouvelles technologies (NBIC). Pourtant, rattaché au sens même de l'existence et relevant d'une expression du sacré, ce parti pris ontologique hors des sentiers des religions historiques n'en dote pas moins l'activité et l'engagement intellectuels d'une religiosité. En démarquant la religiosité incarnationnelle des autres nouvelles formes de religiosités, l'objectif de ce travail est de mettre à jour ses conditions et facteurs historiques d’émergence, ses spécificités et, à terme, d'envisager son rôle potentiel d'inflexion dans les trajectoires de la technique moderne. Quelle portée peut encore avoir l'héritage de cette singularité religieuse qui fait du corps le pivot du salut sur cette nouvelle ère qui court à déraciner l'expérience humaine de la corporéité ? Autrement dit, il s'agit de faire parler les enjeux théologiques de l'Incarnation et les enjeux civilisationnels de l'incarnation pour comprendre les forces en présence, celles des partis pris ontologiques et philosophiques qui se renouvellent et s'affrontent en contexte de puissance technicienne et qui orientent à grande vitesse le cours de notre histoire.

" La christologie de la Figure face à l’absolu anhistorique de la mystique indienne. La théologie de l’Incarnation du Hans Urs von Balthasar "
Joji Philip Joseph Kakkaramattathil
Directeur(s) de thèse
Marie-Anne Vannier (UL)
Composition du jury

Mme Marie-Anne VANNIER Université de Lorraine Directrice de thèse

M. Philippe VALLIN Université de Strasbourg Rapporteur

M. Michel VAN PARYS Collège Grec, Rome Rapporteur

M. Job GETCHA École Pratique des Hautes Études  Examinateur

Date et heure de soutenance
Lieu de soutenance
Metz - Salle Ferrari
Résumé

Le sujet de recherche peut se résumer ainsi : « la relation entre le sensible et l'absolu dans l'Incarnation selon Balthasar, comparée à la théologie hindoue de l'avatar ». Dans un contexte pluraliste, très souvent mêlé de croyances et coutumes populaires, la question de l'historicité d’un Absolu pourrait être un terrain théologique de dialogue. La vision de Dieu révélée par les avatars (manifestation de Divin hindou dans le monde), est-elle la même que celle révélée par le Christ ? Y a-t-il une différence radicale entre ces deux révélations ? Comment le Verbe peut-il s'exprimer dans le monde fini ? De plus, comment comprendre l'aspect « une fois pour toutes » de l'Incarnation du Christ par rapport à la pluralité des avatars d'âge en âge avec des objectifs particuliers ? La conception esthétique de la théologie de Balthasar, privilégiant le caractère concret du Jésus historique qui a un caractère objectif pour être « vu » en dehors des suppositions anthropologiques subjectives, peut-elle être une réponse ? Pour Balthasar, le Dieu vivant, doit être suprêmement concret et non quelque chose d'abstrait. La raison esthétique est prédominante dans la théologie de Balthasar. L'idée fondamentale de l'esthétique est relativement simple : dans l'Incarnation, la forme même (Gestalt) de Dieu a été définitivement révélée fournissant une mesure à laquelle toute autre forme doit être mesurée. Il place l'Incarnation du Christ au centre même de sa théologie. La figure du Christ est l'herméneutique de la révélation comme expression de Dieu. Son analyse phénoménologique, montrant le caractère esthétique, s'articule autour de la question de la Figure : Dieu lui-même a pris une Figure (Gestalt). Un autre accent de Balthasar est la matérialité de la foi chrétienne. Ce n'est pas un pur mysticisme et pour cet auteur, la contemplation mystique de Dieu (la conscience de sa présence) est inextricablement liée à la matérialité de la manifestation. La christologie de Balthasar alors basée sur la formule chalcédonienne : une personne en deux natures sans confusion, lui permet d’affirmer la possibilité de concevoir Jésus comme Divino-humain dans le contexte historique, incarné dans l'histoire avec toutes ses vicissitudes. Balthasar lui-même a posé plusieurs questions concernant la relation entre Dieu et le monde, la question de l'altérité et de la non-dualité, le concept de personne, la nécessité de la création, etc. A partir de son élaboration théologique de la propriété transcendantale, Balthasar explique que seulement dans la Beauté, la Vérité est bonne et que la Bonté est vraie. Il voit la beauté comme l'union indissoluble de deux choses : l'espèce et la lumière. La beauté consiste en une forme spécifique et tangible (espèce) accessible aux sens humains avec une splendeur émanant de la forme (lumen). Pour notre auteur, l'unité de la Vérité et du Bien dans la Beauté se manifeste surtout dans ce qui devrait être l'objet de la théologie, mais qui a été presque complètement oublié par les théologiens : la Gloire de Dieu, qui s'incarne en Jésus-Christ, personne historique. Balthasar a ainsi tenté de construire une philosophie et une théologie à partir d'une analogie, non pas d'un être abstrait, mais de l'être tel qu'il se rencontre concrètement dans ses attributs non catégoriels, mais transcendantaux). Et comme les transcendantaux parcourent tout l'être, ils doivent être intérieurs les uns aux autres : ce qui est vraiment vrai est aussi vraiment bon et beau et un. Un être apparaît, il est épiphanie : en cela il est beau et nous émerveille. En paraissant il se donne, il se livre à nous : il est bon. Et en se donnant, il parle de lui-même, il se dévoile : il est vrai (en soi, mais dans l'autre à qui il se révèle).

" La sainteté chez Charles Péguy "
Marie Vélikanov
Directeur(s) de thèse
Jean-Michel Wittmann (UL)
Composition du jury

Mme Carole AUROY, rapporteur Professeur à l’université d’Angers

Mme Tatiana TAÏMANOVA, rapporteur Professeur à l’Université d’Etat de Saint-Pétersbourg

Mme. Elena DI PEDE, examinateur Professeur à l’université de Lorraine

M. Denis PERNOT, examinateur Professeur à l’Université Paris XIII

M. Jean-Michel WITTMANN, directeur Professeur à l’Université de Lorraine

Date et heure de soutenance
Lieu de soutenance
UFR Arts, Lettres et Langues - Metz Ile du Saulcy - salle A 208
Résumé

Cette thèse traite de la vision du saint et de la sainteté que construit l’œuvre de Péguy. L’approche du saint en tant que personnage, premier enjeu de la thèse, conduira à comparer au saint les différentes figures exemplaires qui apparaissent dans l’œuvre de Péguy, comme le génie, le héros... Elle sera complétée par une analyse des vertus les plus importantes pour Péguy, qui ne correspondent pas toujours aux « vertus » classique attribuées aux saints, comme, par exemple, l’inquiétude. Il s’agira par ailleurs d’étudier la figure traditionnelle du saint patron d’un lieu qui, chez Péguy, devient l’acteur principal de l’enracinement. Enfin sera abordée la question des processus d’émerveillement et d’admiration propre à Péguy, qui, en étant d’un côté procédé littéraire sont, en quelque sorte, une « canonisation laïque ». L’approche de la sainteté comme idée dans l’œuvre de Péguy, deuxième enjeu de la thèse, conduira d’abord à étudier le saint comme figure de l’ancêtre, le prophète, le saint comme acteur de l’incarnation, le témoin, mais aussi à analyser la dimension eschatologique de la sainteté. Il s’agira aussi de s’interroger sur le choix que fait Péguy entre l’invocation et l’imitation, afin de mesurer l’influence de ce choix sur le genre du texte. La thèse reviendra enfin sur les aspects sociaux de la représentation du saint : l’opposition, sous la plume de Péguy, du saint et du héros devant la foule, leur rapport au monde qui les entoure et, pour terminer, la manière dont l’idée d’une cité harmonieuse, utopie socialiste évolue chez Péguy vers la communion des saints.