Le défi du pluralisme dans les sociétés contemporaines : religions, politique et cultures
Le pluralisme participe pleinement de l'ethos culturel des sociétés séculières contemporaines. Alors que l'unité était la « valeur » étalon des sociétés de chrétienté (un roi, une foi, une loi), les sociétés modernes ne sauraient concevoir leur être-ensemble, sans l'adhésion au pluralisme sous toutes ses formes : qu'il soit religieux culturel et politique. Pour autant, le pluralisme, de perspective positive dans son intention initiale, peut être source de nouvelles questions et aussi de problèmes qui étaient insoupçonnés dans la pensée des théoriciens de la tolérance et de la liberté de conscience, aux XVIIe et XVIIIe siècles. C'est la raison pour laquelle ce colloque mettra en évidence ces trois foyers constitutifs de la sphère publique : la religion, la culture et le politique.
Dans le champ religieux contemporain, le pluralisme interroge à nouveaux frais le statut de la vérité et son articulation à la liberté religieuse. Cette dernière peut être aussi invoquée à des fins étrangères aux traditions religieuses. La liberté religieuse est alors plus au service de pratiques culturelles voire d'instrumentalisation politique.
D'où les deux questions qu'il conviendra de poser sur la légitimité de toute différence « religieuse » dans la sphère publique et celle des diversités culturelles. Sur ces deux questions, se croisent inévitablement le discours de l'historien, du théologien, du juriste, du sociologue et du philosophe. Le projet scientifique de ce colloque doit dès lors se situer dans une perspective pluridisciplinaire. Il en est de même du statut contemporain de la politique. Les mutations de la démocratie, notamment en contexte européen, appelle une nouvelle définition de la sphère publique. À cet égard, deux questions se posent: peut-on construire une sphère publique européenne sans la prise en considération de communautés politiques particulières ? Inversement, ces communautés peuvent-elles se pérenniser indépendamment de toute visée de l'universel ? Ce sont les approches philosophiques de ces questions qui seront ici privilégiées.
Sur le plan de la méthode, ce colloque a souhaité ne pas multiplier les communications en sorte que s'instaure de véritables moments de débats entre intervenants appartenant à des horizons religieux, culturels, politiques et scientifiques différents.