JE Usages scolaires du XVIIe siècle chrétien au XIXe siècle
Appel à communication
« Usages scolaires du XVIIe siècle chrétien au XIXe siècle »
Équipe d’accueil « ECRITURES », axe « PATMOS (PATrimoines Modèles Spiritualités) », Université de Lorraine
Metz, Université de Lorraine, le vendredi 23 mai 2025
Date de tombée : 15 février 2025
Lorsque paraissent les premiers programmes scolaires nationaux sous le Consulat, les ouvrages religieux du XVIIe siècle occupent une place de choix en classe de rhétorique[1]. On trouve ainsi Existence de Dieu, un texte apologétique de Fénelon, le Petit Carême de Massillon, les oraisons de Bossuet et Fléchier, ou encore Esther et Athalie de Racine. Soit près de la moitié des textes français recommandés. Cette situation se cristallise dans la première décennie du siècle pour susciter un genre éditorial à part entière : celui des recueils de tragédies chrétiennes, qui n’est pas uniquement destiné aux plus hautes classes. Plus tard, des œuvres disparaissent et d’autres s’ajoutent au corpus comme les Pensées de Pascal en 1814 et Polyeucte de Corneille en 1822. Pour prendre le seul cas d’Athalie, cette intégration de la pièce dans un corpus chrétien semble l’immuniser des attaques qu’elle subit pourtant hors du cadre scolaire, où elle est proscrite. Sur scène, elle sème le trouble par les parallèles qu’elle ouvre entre pouvoir impérial et tyrannie usurpatrice ; à l’école, sa dimension édifiante lui permet au contraire d’être prescrite dans les espaces les plus prestigieux.
Cette journée d’étude a pour objectif de cerner les modalités d’intégration et de diffusion à l'école au XIXe siècle des textes religieux – de fait, essentiellement catholiques – du XVIIe siècle. Les intervenants et intervenantes pourront ouvrir ces questionnements en donnant à comprendre comment ces mêmes textes sont abordés par la suite dans la société et comment ils structurent un certain rapport à la littérature religieuse au fil du siècle. À cet égard, nous souhaitons poursuivre certains axes initiés par Emmanuel Kaës et Martine Jey dans La Part scolaire de l’écrivain.
Par le croisement des lieux scolaires, des approches (histoire des pratiques scolaires, études de réception, histoire du livre, histoire des bibliothèques) et des types de sources, on pourra ainsi tracer un dessin plus précis de l’évolution des corpus et des interprétations de ce XVIIe siècle. La perspective de cette journée d’étude est donc transdisciplinaire, même si le point de départ reste l’enseignement littéraire.
Quelle vision du XVIIe se construit alors à travers ces textes ? Comment la restructuration des genres modifie-t-elle la réception de ces textes ? Comment évoluent ces corpus et leur traitement en classe ? Sont-ils surinvestis ou modifiés par les institutions congrégationnistes lors des périodes de tension politiques (loi Falloux, lois Ferry) sur les sujets éducatifs ? Comment se situent les établissements religieux lorsque les programmes des sésames scolaires que sont les concours généraux et le baccalauréat s’éloignent en partie de ces œuvres ? Plus précisément, qu’en est-il du rapport qu’entretiennent les institutions protestantes avec ces textes ? Par ailleurs, établit-on la nette prédominance de certains textes dans les établissements féminins ou dans les établissements masculins ? Enfin, comment ces œuvres, leurs extraits et leurs interprétations participent-ils à construire une certaine image de l’enseignement littéraire dans la société ?
L’événement trace une continuité directe avec le colloque d’ÉCRITURES « Lire et étudier (avec) la Bible en langue française » qui se tiendra en mars 2025. Il permettra notamment de replacer dans une perspective historique plus ancienne les éléments développés précédemment dans le colloque.
Les propositions de communications, comprenant un titre, un résumé du projet de communication, et une brève bio-bibliographie devront parvenir avant le 15 février 2024 aux deux adresses suivantes :
Magalie Myoupo magalie.myoupo@univ-lorraine.fr
Nicolas Réquédat nicolas.requedat@univ-lorraine.fr
Bibliographie indicative
A. Chervel, Les Auteurs français, latins et grecs au programme de l’enseignement secondaire de 1800 à nos jours, Paris, Institut national de recherche pédagogique, 1986
N. Denizot, La scolarisation des genres littéraires (1802-2010), Bruxelles, Peter Lang, 2013
N. Denizot, L. Perret, « Bossuet se meurt… Bossuet est-il mort (dans les manuels) ? Une approche historico-didactique », Recherches et travaux, 2021
F. Douay, « La rhétorique en France au XIXe siècle à travers ses pratiques et ses institutions : restauration, renaissance, remise en cause », Histoire de la rhétorique dans l’Europe moderne, dir. Marc Fumaroli, Presses universitaires de France, 1999, p. 1071-1214
« Le Pascal des Romantiques », colloque organisé par T. Gheeraert et S. Ledda
14 et 15 décembre 2023, Université de Rouen Normandie
T. Hatakeyama, La Formation scolaire de Baudelaire, Paris, Classiques Garnier, 2019
S. Hermann De Franceschi, « La défense du christianisme, du positivisme triomphant à la "faillite de la science", Catholiques et protestants français devant l’apologétique pascalienne, du moment des années 1880 à 1896 », Revue des sciences philosophiques et théologiques, 2024
M. Jey, E. Kaës, La Part scolaire de l’écrivain, Apprendre à écrire au XIXe siècle, Paris, Classiques Garnier, Rencontres, 2020
M. Leroy, « La littérature française dans les instructions officielles au XIXe siècle », Revue d’histoire littéraire de la France, 2002, p. 365-387
E. Tabet, Chateaubriand et le XVIIe siècle, Mémoire et création littéraire, Paris, Honoré Champion, Lumière Classique, 2002
[1] « Choix de livres classiques pour le latin et les belles-lettres », annexé au Rapport de la commission nommée pour le choix des livres classiques des lycées, dans les classes de latin et de belles-lettres, 25 floréal an XI (15 mai 1803), RLR, t. 2, 1814, p. 391-401.