Quelles approches socio-historiques des littératures des Suds ?
Groupe de recherche ASOHLIS / ECRITURES EA 3943
Journée d’étude en format « hybride ». Inscription à la séance sur « Teams » sur demande.
Pour diverses raisons, essentiellement historico-politiques et institutionnelles, les littératures des Suds ont, comparativement aux corpus canoniques des littératures « occidentales », font l’objet de moins d’approches historiques et sociologiques. Pour une part, cela peut s’expliquer par la disponibilité moindre d’archives constituées ; mais pour une part plus importante, cela s’explique par des facteurs idéologiques, la priorité ayant été donnée à la mise en évidence de leurs dimensions de témoignage et de résistance plutôt qu’à l’étude de leurs conditions de possibilités institutionnelles et matérielles, et à l’analyse de leurs modes d’existence. Un certain nombre de travaux existent néanmoins déjà dont on cherchera à évaluer l’apport spécifique, notamment dans les domaines suivants :
- histoire du livre, de l’édition et de la lecture, ainsi que de la scène ;
- sociologie de la circulation des biens culturels (traductions…) ;
- sociologie des acteurs (écrivains, intermédiaires du monde du livre et de la scène, institutions…), notamment à partir de la théorie du champ ;
- approches socio-discursives, complémentaires aux précédentes, mais mettant l’accent sur les discours de positionnement, les postures et autres scénographies.
Les communications attendues contribueront à dresser un bilan critique à partir d’un point de vue particulier. Chaque intervention cherchera à évaluer l’apport théorique de travaux déjà existants, en mettant à l’épreuve des concepts précis déjà constitués par les approches socio-historiques de la littérature : dans quelle mesure ces concepts devraient-ils (ou non) être reconduits, repensés, nuancés ou complexifiés quand on étudie empiriquement les littératures des Suds ? les propositions devront dont indiquer de quel concept (ou groupe de concepts) elles comptent traiter, et à partir de quels ouvrages de référence (1 à 3 pour éviter l’effet de liste). Cette journée d’étude remplira ainsi pleinement son rôle scientifique de bilan de la recherche, tout en permettant de circonscrire les problématisations futures qu’élaborera le groupe de travail (programmation de colloques, séminaires etc.).
Coordination Pierre Halen (pierre.halen@univ-lorraine.fr) et Tristan Leperlier (tristan.leperlier@gmail.com)
Comité scientifique : Groupe ASOHLIS (Approches socio-historiques des littératures des Suds).
Programme
10h : Accueil des participants, mise en place de la conférence virtuelle.
10h30. Première session : Espaces. Modéré par Virginie Brinker
1) 10h30. Pierre Halen : “Champ national, champ local, sous-champ : comment nommer les périphéries qui sont aussi des centres ?”. A partir de lectures de Bourdieu (Pierre), “Champ littéraire et rapport de domination (entretien avec Jacques Dubois)”, Textyles, n°15 (L’Institution littéraire), 1999, p.12-16; Aron, La littérature en Belgique francophone de 1863-1960 débats et problèmes autour d’un ‘sous-champ’, in : Intellektuelle Redlichkeit : Literatur, Geschichte, Kultur : Festschrift für Joseph Jurt / hrsg. von Michael Einfalt, Ursula Erzgräber, Ottmar Ette... [et al.] Heidelberg : C. Winter, Studia Romanica, 125, 2005, 736 p.; p.415-427. Sapiro, Gisèle, « Le champ est-il national ? La théorie de la différenciation sociale au prisme de l'histoire globale », Actes de la recherche en sciences sociales, 2013/5 (N° 200), p. 70-85.
2) 11h. Tristan Leperlier : “La langue des champs : aires linguistiques et espaces littéraires plurilingues”. A partir de lectures de l'œuvre de Pascale Casanova (La République mondiale des lettres, Kafka en colère, etc.), ainsi que de Jean-Marie Klinkenberg et Benoit Denis (La Littérature belge, Précis d’histoire sociale).
3) 11H30. Discussion
12h. Deuxième session : Circulations. Modéré par Tristan Leperlier
1) 12h. Laude Nagdi : “Traduction et circulation transnationale: le cas de la littérature gabonaise.” A partir des livres de Casanova (Pascale), La République mondiale des Lettres. Paris : Seuil, 1999 ; Pradeau (Christophe) et Samoyault (Tiphaine), dir., Où est la littérature mondiale ?, Saint-Denis : Presses Universitaires de Vincennes, 2005 ; Sapiro (Gisèle), (dir.) Les Contradictions de la globalisation éditoriale, Paris, Nouveau monde, 2009; Casanova (Pascale), La Langue mondiale. Traduction et domination. Paris : Seuil, coll. « Liber », 2015.
2) 12h30. Pascale Goetschel et Amélie Thérésine : « Interroger les circulations : approches socio-historiques (histoire mondiale, histoire connectée, histoire croisée). Le cas des festivals (Les Francophonies en Limousin, France / Les Récréâtrales, Burkina Faso / Mantsina sur Scène, Congo).
3) 12h30. Discussion
13h. Déjeuner
14h30. Troisième session : De l’écriture à la reconnaissance. Modéré par Pierre Halen
1) 14h30. Elise Finielz : “Vocation et création littéraire. Le cas des écrivaines de la Caraïbe francophone”, à partir de Gisèle Sapiro, "Je n'ai jamais appris à écrire. Les conditions de formation de la vocation d'écrivain" Actes de la recherche en sciences sociales, 2007/3, 168, pp. 12-33 ; Bernard Lahire, "Avoir la vocation" Sciences sociales et sport, 2018/2, 12, pp. 143-150 ; Nathalie Heinich, "Devenir écrivain: une construction vocationnelle de l'identité" Raison présente, 2000, pp. 5-12.
2) 15h. Erwan Caulet : “Littératures des Sud en perspective canonique”, à partir des livres de Sarah Burnautski Les Frontières racialisées de la littérature française, Kaoutar Harchi, Je n'ai qu’une langue, ce n’est pas la mienne : des écrivains à l’épreuve et Ferroudja Allouache, Archéologie du texte littéraire dit francophone : 1921-1970 (et Claire Ducournau, La Fabrique des classiques africains)
3) 15h30. Valentina Tarquini: “Posture, ethos et interdiscours : quelques éléments théoriques pour une approche socio-discursive”, à partir de Jérôme Meizoz (La fabrique des singularités. Postures littéraires II, 2011), Dominique Maingueneau (Trouver sa place dans le champ littéraire. Paratopie et création, 2016) et Ruth Amossy (La Présentation de soi. Ethos et identité verbale, 2010 + deux articles théoriques de Amossy et Maingueneau sortis dans un collectif récent Ethos collectif et identités sociales)
4) 16h. Discussion
16h30. Discussion conclusive, et sur une éventuelle publication
17h. Visite touristique de Metz
19h30. Dîner