August Strindberg, l'écrivain-prophète dans un Tophet moderne
La Grand’ Route (1909), dernier drame de l'auteur suédois du début du 20ème siècle, est un « drame de voyage » se déroulant en sept stations. L’histoire du Chasseur – personnage principal de la pièce – qui retourne une dernière fois avant de mourir parmi les gens de sa ville natale, Tophet, devient un parcours symbolique de la vie humaine. Parsemé d’indices autobiographiques, le texte semble retracer autant la vie du dramaturge, que celle de tout homme, gagnant sa dimension symbolique par le biais des citations bibliques, en particulier les références au prophète Jérémie. Sa forte critique sociale et politique, tournée vers l’avenir, le rapproche des prophètes bibliques, qui voient en Dieu le maître de l’histoire des peuples appelés à choisir entre deux voies, celle de la vie ou celle de la mort. Mais ce rapprochement fait-il de Strindberg un prophète ?
Ana Boariu (aka Anca Berlogea) est metteur en scène au théâtre et réalisatrice de film documentaire en Roumanie. Titulaire d’une licence canonique en théologie à l'Institut catholique de Paris, en 2002. Sa thèse, en cotutelle à l'Université de Lorraine et à l'Université de Cluj porte sur la relecture du prophète Jérémie par le dramaturge August Strindberg dans sa dernière pièce La Grand’ Route (1909).