La légende comme récit naturel : réflexion et pratique micheletiennes du récit exemplaire
Argument. Dans sa volonté de parler au peuple pour lui transmettre sa vision de l’histoire et l’idéal de justice qui lui est associé, Jules Michelet élit la légende comme support privilégié. Ce choix se fait en vertu d’une double qualité que cette conférence vise à mettre au jour : la légende hagiographique est libre à l’image du vivant qui nous entoure, elle est aussi perçue comme naturelle – spontanée – par le public qui la reçoit. Ces deux caractéristiques étant dégagées, il est alors possible de fonder un nouveau légendaire laïque répondant aux mêmes exigences. À ce prix, cette exemplarité pourra se faire entendre et favoriser l’avènement du peuple comme force politique majeure.
Présentation de la conférencière. Ancienne élève de l’École Normale supérieure de Lyon, Magalie Myoupo est maîtresse de conférences en langue et littérature française du xixesiècle à l’université de Lorraine (laboratoire « Écritures »). Dirigée par Paule Petitier, sa thèse de doctorat intitulée « La Sainteté en filigrane. Stratégies d’appropriation laïque du modèle hagiographique dans la prose du xixesiècle » portait sur la résurgence des séquences et motifs hagiographiques sous les plumes des écrivains mais également des historiographes, principalement à partir de 1840. Ce travail a obtenu en 2019 le prix Ary Scheffer décerné par le comité de liaison des associations dix-neuviémistes. Parmi ses publications récentes, on compte un article sur les figurations de la tentation et de la loi dans le Jocelyn de Lamartine paru au Presses universitaires de Rennes (Écritures de la tentation au xixesiècle, I. Durand et E. Pinon (dir.)) et une étude de l’usage laïque fait du mythe de Caïn et Abel par Eugène Sue dans Le Juif errant(Graphè).