Voix d'en-haut. L'inspiration prophétique chez Jean-Jacques Rousseau

"Voix d'en-haut. L'inspiration prophétique chez Jean-Jacques Rousseau"
 
La question prophétique chez Rousseau peut s'envisager à deux niveaux : une question en débat qui met en jeu les critères d'évaluation de la vérité de la révélation, de ceux qui ont mandat pour parler au nom de Dieu, des signes par lesquels ils se font connaître ; un matériau littéraire et rhétorique qui manifeste le caractère inspiré (ou prétendu tel) des envoyés, saints, justes qui peuplent la fiction, des dialogues ou des prosopopées à des formes plus étendues comme le roman. Les deux niveaux s'entrecroisent quand l'auteur, pour illustrer et argumenter sa position, met en scène des prophètes. L'énonciateur qu'il constitue est lui-même prophétique. En identifiant l'auteur à cet énonciateur, les lecteurs contemporains ont vu dans Jean-Jacques Rousseau un prophète (ou un faux-prophète) des temps modernes. Nous choisissons pour aborder la question, complexe et foisonnante, de l'inspiration prophétique, le thème de la voix. La voix est chez Rousseau une préoccupation majeure; elle est la signature de l'appartenance à l'humanité, elle est aussi signature d'un caractère singulier. Mais par elle se déclare aussi une disposition aux choses d'en-haut. Ce sera donc l'organe d'une communication verticale en même temps que d'une circulation de la vérité dans la communauté humaine. Contre l'équivocité du signe, en particulier du miracle qui est l'objet d'un examen critique approfondi, la voix actualise la preuve de la qualité de celui qui la porte, et atteste la vérité de son message. Contre les signes sensibles et apparents, susceptibles de confusion avec le merveilleux, Rousseau privilégie ce qu'il appelle le "signe de Jonas". Mais la voix qui est la mesure de toutes les voix n'est pas d'en-haut, elle est d'en-bas, du plus intime de mon être, c'est la voix de la conscience. Quand les lumières de la raison s'obscurcissent, une voix se fait infailliblement entendre. Le jeu métaphorique sur les sens, oculaire et auditif, n'est pas qu'un ornement littéraire. A travers lui se joue la question de l'expérience religieuse.
 

Cette séance aura lieu le mardi 19 janvier au CAEPR, rue Jean XXIII, Metz de 18h30 à 20h.

Date(s) début - fin
Lieu
CAEPR (avenue Jean XXIII, Metz)
Organisateur(s)
Nicolas Brucker (Université de Lorraine, Centre Ecritures)