Valentin KRETZ

Sujet de thèse :

Épistémologie de la traduction d'"œuvres" en Sciences Humaines et Sociales

Directeur(s) de thèse :

PLACIAL Claire et GOLDBLUM Sonia

Résumé du projet de thèse :

Notre projet de recherche interrogera le caractère doublement épistémologique de la traduction de textes théoriques clefs de Sciences humaines et sociales. Comment de tels « traduits » peuvent-ils affecter le savoir du public qui les lit, ainsi que le champ du savoir jusque dans sa partition disciplinaire ? Nous concentrerons notre étude sur l’objet qu’est le texte traduit, en faisant l’hypothèse que celui-ci, par la manière dont il a été produit (traduction, mise en page, mise en collection), prend une part active dans la façon dont le processus de lecture est actualisé. Il semblerait qu’une contradiction toute particulière se noue pour le cas des grands textes théoriques de SHS : s’affirmant comme des points pivots du savoir, nous pensons que le processus de traduction et d’édition les donne cependant généralement à lire sur le mode de la croyance. À l’heure de la post-vérité, les questions de confiance, de crédit, de croyance, de savoir et de science, seront au cœur de cette recherche : en faveur des textes que nous lisons, et d’une réflexion quant à la solidité épistémologique d’un fonds commun des SHS. Pour ce faire, nous partirons d’un corpus dont le noyau dur sera composé de textes traduits de Kant, Benjamin et Adorno. D’autres textes théoriques complèteront ce premier corpus, tels que des essais traduits de Zweig, de Brecht ou encore de Simmel. Il s’agira de textes généralement conçus comme philosophiques, sociologiques, ou encore littéraires, mais dont nous pensons qu’il y a des avantages heuristiques à les approcher plus largement, comme des parties du fonds commun lettré des SHS. Nous chercherons à conceptualiser leur statut d’« œuvres » de SHS, et partant leur part active dans la constitution d’un savoir au sens large, pour ce que leur traduction, leur édition, ainsi que leur teneur, nous semblent transcender leur seule catégorisation disciplinaire, élargissant leur lecteur cible, c’est-à-dire leur impact.