De l’utilité de distinguer origine et commencement en théologie de la création
« Au commencement, il y eut une explosion. […] une explosion qui eut lieu partout simultanément, remplissant tout l’espace depuis le début, chaque particule fuyant toutes les autres. […] Après un centième de seconde environ, le moment le plus ancien dont nous puissions parler avec une certaine assurance, la température de l’univers s’élevait à près de cent milliards de degrés centigrades… ». Telle est la vision contemporaine de l’origine de l’univers qu’offre le prix Nobel de physique Steven Weinberg dans « Les trois premières minutes de l’univers ».
Darwin, et plus récemment Yves Coppens, Pascal Picq, ou encore Marie-Christine Maurel, tous appliqués à répondre à la question universelle « d’où venons-nous ? », proposent de rechercher l’origine des espèces, de l’humanité, de la vie. Alors que Weinberg utilise le terme de commencement, les seconds font appel à l’idée d’origine pour rendre compte de leurs quêtes scientifiques des débuts cosmologiques ou biologiques.
Dans le langage commun voire scientifique commencement et origine sont estimés interchangeables, néanmoins ils ne se recoupent pas pleinement, selon nous. C’est cette distinction qu’il nous faudra mettre en évidence. Partant de cette distinction, tout en proposant une articulation de commencement et d’origine, il nous semble plus aisé de faire dialoguer domaine scientifique et domaine théologique dans le but de reconsidérer l’idée de création.
Estelle Poirot est docteur en théologie, membre associée du Centre de Recherche Écritures (EA 3943) et collaboratrice du groupe de recherche Albert le Grand. Elle a soutenu une thèse « La relation entre deux compréhensions du monde : science et théologie. Conditions, modalités » (2016) sous la directon de Jacques Fntino et est auteure de plusieurs articles.