Aryan RAHIMIAN
Le ḥadīṯ, deuxième source scripturaire de l’islam, comprend des traditions dites divines (ḥadīṯ qudsī) à savoir des traditions où le Prophète rapporte, souvent en discours direct, des propos ou actions divines. D’un point de vue législatif, ces traditions n’ont pas d’importance particulière car elles ne renferment que peu de questions juridiques et n’ont, par conséquent, bénéficié que de peu d’attention de la part des fuqahāʾ. En revanche, d’un point de vue dogmatique et spirituel, le ḥadīṯ qudsī a joui d’une grande considération car, comme pour le Coran, c’est de la parole de Dieu dont il est question. Néanmoins, la nature de cette parole et sa définition ont été sujettes à de constantes divergences et les différences du ḥadīṯ qudsī avec le Coran et la tradition prophétique ont fait l’objet d’un consensus tardif des théologiens. Une des études qui a été uniquement consacrée au ḥadīṯ qudsī est celle de W.A Graham datant de 1977. Depuis, ce champ de recherche n’a été que très peu exploré dans les études universitaires occidentales et les travaux orientaux, le concernant, sont généralement des encyclopédies. Notre recherche s’intéresse également à la question de la représentation de Dieu dans le ḥadīṯ qudsī. En effet, dans de nombreuses de ces traditions, des attributs divins sont décrits, allant de la clémence, au savoir, à la force, mais également sur un plan anthropomorphisme, la main, les yeux, la jambe de Dieu…
Notre travail consistera à faire l’état des lieux de la littérature religieuse concernant le ḥadīṯ qudsī en mettant en exergue ses définitions divergentes, mais aussi les raisons théologico-socio-politiques qui auraient mis ces textes en retrait, à l’exception des confréries soufies. Puis nous analyserons, d’un point de vue théologique et littéraire, les noms et attributs divins dans le ḥadīṯ qudsī tout en les comparant aux occurrences coraniques et à la tradition judéo-chrétienne. Enfin, nous traduirons le corpus de traditions divines et le classifierons par thème théologique.