Chia Anon
Que la femme soit considérée comme un être inférieur est un fait vérifiable dans l’histoire de la société française au moins depuis la Renaissance. L’idée trouve son fondement dans les théories d’Aristote, qui établit la prééminence masculine sur le constat de la constitution physiologique incomplète de la femme. Cependant, à partir du XVe siècle, cette doxa médicale et comportementale se renverse et plusieurs écrivains commencent à réclamer une place importante dans la société pour la femme. Au XVIIe siècle, cette revendication s’intensifie à travers le mouvement précieux mais aussi avec l’appui des romancières telles que Mlle de Scudéry, Mme de Lafayette et Mme de Villedieu. Les écrits de ces dames, peignent des vertus féminines qui donnent lieu à toute d’une palette de personnages féminins héroïques variés. Dans ce travail il sera question en premier lieu d’exposer ce système précis de passions à la base d’un héroïsme féminin glorieux et austère, en comparant les textes romanesques de ces trois figures de la littérature féminine classique, aux écrits sur les femmes proposés par les moralistes qui leur sont contemporains, et qui proposent des analyses des passions extrêmement élaborées. En second lieu, nous relèverons l’éthique féminine mise en relief chez ces romancières, au-delà des constats habituels; tout en examinant comment cette éthique fonctionne dans le cadre d’un mécanisme particulier des passions et évaluer les critères qui donnent lieu à une action héroïque chez ces personnages, sans omettre le repérage des techniques littéraires employées par ces auteurs afin que leurs récits soient capables de plaire autant à leurs lectrices qu’à leurs lecteurs, tout en les instruisant les premières.