Raphaël Misère-Kouka
M. Pierre HALEN Université de Lorraine Directeur de thèse
Mme CARINE MENGUE MBA Université Omar Bongo de Libreville (UOB) Examinatrice
Mme SYLVIE FREYERMUTH Université du Luxembourg Rapporteure
M. PAPA SAMBA DIOP Université Paris-Est Créteil Rapporteur
M. NICOLAS BRUCKER Université de Lorraine Examinateur
Aborder les « traditions ésotériques et le discours religieux dans la poésie francophone gabonaise » est une thématique qui présente un intérêt particulier, car elle sort du cadre habituel des questions purement littéraires. Ceci implique donc une étude à la fois générale et comparative d’un espace tant géographique que culturel prenant en compte la fin du XXe et le début du XXIe siècle. Ainsi, afin de donner une certaine lisibilité à notre thématique trois auteurs constituent notre corpus de base : Marina Ondo, Éric Joël Békalé et Quentin Ben Mongaryas. Leurs œuvres poétiques respectives : Nourritures célestes (2013), Elévations poétiques (2005) et Voyage au cœur de la plèbe (1986) s’inscrivent dans cette logique discursive. Elles puisent dans des sources tant de la spiritualité ancestrale que dans celles importées d’Occident voire d’Orient. Dès lors, vu la dimension polysémique du sujet, nos recherches suggèrent une méthodologie qui fait appel à une approche pluridisciplinaire, partant de la poésie certes, mais touchant aux aspects sociologiques, ethnologiques, anthropologiques voire philosophiques. Dans leur art prosodique, ces poètes en perpétuelle quête d’ascension spirituelle livrent au lecteur une poésie de l’intériorité, saturée d’accents bibliques. Démystifier le mystère, se dépouiller de la matière, promouvoir l’accessibilité aux rites initiatiques ancestraux tels que le Bwiti, quitte à déboucher sur un syncrétisme religieux, trouvent leur justification spirituelle pour atteindre le divin. Aussi cette thèse vient-elle mettre en lumière cette étonnante convergence des poètes Marina Ondo, Éric Joël Békalé et Quentin Ben Mongaryas avec les mystiques Rhénans, à l’exemple de Maître Eckhart, mais aussi du métaphysicien René Guénon voire de la médiéviste Marie-Madeleine Davy : « la naissance de Dieu dans l’âme humaine ». Dans ce langage foncièrement transcendantal ces poètes-ci adoptent une posture pédagogique loyale face à l’ésotérisme à l’envers, qualifié de « néo-spiritualisme guénonien », tel que vécu dans la société gabonaise moderne et celles d’ailleurs. Toutefois, confrontées aux avatars du modernisme galopant, la question du devenir de ces traditions se pose avec acuité : pour combien de temps peuvent-elles encore demeurer plus ou moins intactes. Tels sont les enjeux qu’évoquent les relations entre lettres gabonaises et traditions ésotériques à travers la poésie, qui sous-entend un débat universel. |