Séminaire transversal 2024-2026

Le fragment

Les précédents cycles du séminaire transversal eurent pour thèmes « origine, original, originel » (2018-2020) ; « le naturel » (2020-2022) et « être radical » (2022-2024). La thématique retenue pour les années 2024-2026, « Le fragment », n’est pas sans lien avec cette série. En effet le fragment, tout en questionnant la tension entre unité et discontinuité, nous permet de faire dialoguer des différentes disciplines représentées au laboratoire (Littérature, philosophie, théologie, arts).

La notion de fragment peut être déclinée selon diverses pistes, s’orientant dans au moins trois perspectives :

  • Le fragment comme un modèle esthétique

Dans une conception de l’art et de la littérature qui conteste les représentations classiques du réel par l’art, l’usage du fragment conçu comme une fin en soi remet en cause l’idée de l’œuvre comme représentation cohérente d’un réel qui le serait. Il s’agit dès lors d’une crise non seulement de la notion d’œuvre, mais aussi du sens et du rôle de l’artiste. L’esthétique du fragment peut alors être associée à la contestation du rationnel, et devenir une fin en soi.

  • Le fragment comme trace et indice d’une unité perdue 

Dans une tout autre optique qui est celle des sciences historiques, le fragment peut être considéré au contraire comme la trace d’un ensemble perdu, d’une totalité dont on présume la cohérence, et que l’on peut chercher à exhumer ou à reconstituer. Du fossile au fragment de manuscrit en passant par les ruines et les documents conservés dans un carton d’archives, les éléments disparates forment la matière travaillée par les archéologues, paléographes, philologues, historiens, historiens des idées, etc. Mais au-delà du travail des scientifiques qui cherchent reconstituer l’origine des fragments et à les constituer en corpus, on peut aussi évoquer les phénomènes de création artistique, notamment de théâtre et/ou de littérature documentaire cherchant à donner sens rétrospectivement à des mémoires ou des vécus marqués par la dislocation et la perte.

  • Le fragment comme étape et comme dynamique dans un processus tourné vers le futur

Le fragment est alors un élément certes inachevé, mais inscrit dans une perspective, une dynamique qui peut tendre vers un tout clos ou se penser comme un processus infini qui se suffit à lui-même. Qui plus est, en se plaçant dans une optique de réception, le fragment entre en interaction avec les publics, leurs propres expériences, imaginaires et représentations. 

Ces trois pistes, non exhaustives et non exclusives, peuvent se décliner selon les diverses approches épistémologiques représentées à Écritures ou entrant en dialogue avec les thématiques du centre

Calendrier pour l’année 1, 2024-2025 : 

1 : Mardi 17 septembre : « La stemmatologie ou l’usage des fragments de manuscrits » par Sophie Robert-Hayek, post-doc à Metz en théologie. 

2 : Mardi 12 novembre : « Le fragment, une vision proustienne » Dehbia Berki, université de Tizi Ouzou, en résidence à Metz, auteur d’une thèse sur Proust et d’une mission à l’université de Grenoble sur ses manuscrits.  

3 : Mardi 3 décembre : « "La mappemonde est à refaire" : Édouard J. Maunick et Frédéric Jacques Temple, deux poètes-voyageurs à l’écoute des rythmes fragmentaires du monde » Camille Lotz, doctorante à Toulouse.   

4 : Jeudi 23 janvier : « Un corpus à retrouver : la production théâtrale du XVIè siècle » Nina Hugot, université de Lorraine. 

5 : Jeudi 13 février : « Du fragment comme signe : réflexions interdiscursives sur l’imaginaire du complot » Chloé Chaudet, université de Clermond-Ferrand.  

6 : Mardi 11 mars : « L’aphorisme comme écriture du fragment » Stéphanie Bertrand, université de Lorraine.

7 : Mardi 1er ou jeudi 3 avril : « Retrouver les fragments sous un régime dictatorial :  à la recherche des archives guinéennes sous Sékou Touré » » par Elara Bertho, CNRS sur les Afriques. 

Date(s) début - fin
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Lieu
Metz - Espace Rabelais - Salle des thèses 2e étage
Organisateur(s)
Claire Placial, Dominique Ranaivoson