"Non-sens et absurde chez André Gide : de la philosophie à l'esthétique (1891-1914) "
Marion MOLL
Nom (lien)
Directeur(s) de thèse
Jean-Michel WITTMANN
Résumé

La première partie de l’œuvre littéraire d’André Gide (1891-1914), à l’endroit de ses écrits fictionnels et narratifs en prose, pose de différentes manières les questions du libre-arbitre, de la délivrance des attaches sociétales, et de la réinvention de l’existence dès lors que le présupposé d’une transcendance intelligente est remis en cause. Nous examinons ces thèmes à l’aune de l’histoire des idées philosophiques et littéraires de la fin du XIXe siècle, en mesurant notamment l’influence de Schopenhauer et de Nietzsche sur la pensée et l’œuvre d’André Gide, et en replaçant cet œuvre dans son contexte littéraire pour en mesurer l’originalité. Mais il faut aller plus loin et considérer la part d’absurde — au sens que ce mot prendra plus tard chez les existentialistes, mais aussi au sens de l’humour absurde — de l’œuvre de jeunesse. L’aspect surprenant de cette présence à l’époque d’écriture doit nous conduire à établir les enjeux stylistiques et esthétiques de l’absence de sens thématisée ou littérale dans les œuvres, pour cerner la cohérence, revendiquée par Gide, entre forme littéraire, positionnements éthiques et univers métaphysique du corpus. Finalement, de manière non téléologique, nous faisons l’hypothèse que les réflexions gidiennes sur l’angoisse face à la liberté et la nécessité de s’inventer contiennent les germes de la pensée existentialiste, notamment de Jean-Paul Sartre, qui lui doit sans doute bien plus qu’il ne l’a admis. Corpus : Les Cahiers d’André Walter ; Le Traité du Narcisse ; Le Voyage d'Urien ; Paludes ; Les Nourritures terrestres ; Le Prométhée mal enchaîné ; El Hadj ; L'Immoraliste, ; Le Retour de l'enfant prodigue ; Les Caves du Vatican.