L'Être et le bien. Relecture phénoménologique
Yves Meessen2011
240 pp.
Dans la tradition théologique, tantôt l'être est identifié au bien (Augustin), tantôt le bien se situe au-delà de l'être (Denys). Ces deux postures métaphysiques ont convergé dans deux pensées différentes de l'« analogia entis » (Thomas d'Aquin et Maître Eckhart). Parcourir ces grandes pensées selon une relecture phénoménologique fait surgir la problématique d'une méprise sur le sens de l'être : « Y aurait-il deux manières de considérer l'être, l'une où l'être serait quelque chose qui nécessiterait un geste antérieur de donation, l'autre où l'être serait lui-même donation et bonté ? » Le défi heideggérien pousserait la théologie vers une question fondamentale. Y répondre, ce serait, d'une part, mettre au jour le présupposé sur lequel est fondé la critique de l'onto-théologie et, d'autre part, par une remise en question de la « déconstruction » ("Destruktion"), laisser émerger une construction métaphysique entièrement transformée par la Révélation. Pour opérer cette entreprise, le chemin est déjà balisé du côté phénoménologique par les travaux de Paul Ricœur, Jean-Luc Marion et Michel Henry. Leurs études sont stimulantes pour la théologie dont le point de vue est cependant différent. Comme Jean-Yves Lacoste le fait remarquer, considérer la Révélation comme un fait (théologie), et non comme une possibilité (philosophie), ouvre une intentionnalité qui donne accès à une autre description des phénomènes et, par là, à une nouvelle herméneutique. Par conséquent, la foi permet une pensée de l'être impensable sans elle. La Révélation provoque à penser une différence ontologique où l'être ne se retire pas dans sa donation. Cette logique est surprenante au regard de la pensée de Heidegger. Elle se propose comme une alternative à la logique de l'« alètheia ».