Benicien Bouchedi Nzouanga
M. Paul DIRKX Université de Lille Directeur de thèse
Mme Dominique RANAIVOSON Université de Lorraine Co-directrice de thèse
M. Pierre HALEN Université de Lorraine Examinateur
Mme Yolaine PARISOT Université de Paris-Est Créteil Examinatrice
Mme Claudia GRONEMANN Universität Mannheim Rapporteure
M. Romuald FONKOUA Université Paris Sorbonne Rapporteur
Le roman africain francophone a souvent été perçu comme un discours mettant prioritairement en valeur des phénomènes socioculturels, parmi lesquels la question de la violence et tout ce qui s’y rapporte. Dès la période post-coloniale, plusieurs auteurs mettent en avant cette thématique comme référent pour dire les réalités sociales du continent africain. On retrouve ainsi dans la plupart des textes, qu’ils soient fictifs, critiques, philosophiques ou politiques, cette notion de violence dans l’actualité sociale et politique africaine. Cela par le truchement d’événements en lien avec les génocides et les guerres civiles ou tribales, de revendications sociales ou religieuses, de crises politiques ou culturelles, de traditions ancestrales et de bien d’autres pratiques qui composent le quotidien de ce continent, fécondant ainsi la production romanesque africaine. Depuis les indépendances, la violence n’a pas cessé d’animer les débats au sein des champs africains. Nous constatons que, dans les romans publiés après 1990, parmi lesquels on compte Verre Cassé d’Alain Mabanckou (2005), L’intérieur de la nuit de Léonora Miano (2005) ou encore Le cri du crime de Maurice Mouckagni Mouckagni (2009), le sujet demeure central.
Ces trois romans ont la particularité de présenter la question de la violence en rapport avec le corps, celui-ci devenant l’élément majeur sur lequel s’exercent tous les types de violence. Pour comprendre cette corrélation qui marque le corpus, nous décrirons d’abord la pérennité des violences dans les différents contextes sociaux concernés. Puis, nous interrogerons les corps en tant que moyens d’expérimentation, d’expression et d’évaluation de la violence physique et symbolique. L’hypothèse qui nous guidera est que le traitement de la violence à travers les corps et le traitement des corps eux-mêmes opèrent ainsi comme des vecteurs importants de l’écriture romanesque africaine francophone, telle que l’illustre du moins notre corpus. Vecteurs de l’écriture et vecteurs de la société du roman, les corps violentés apparaissent comme des corps proprement sociolittéraires. Nous mettrons ensuite en rapport les antinomies qui caractérisent les valeurs et les systèmes de pouvoir et les antinomies des corps qu’ils tendent à dégrader ou à détruire. Enfin, notre étude se focalisera sur les corps d’écrivain dans les textes afin de vérifier leur rôle dans le renouvellement imaginaire et littéraire dans les différents champs littéraires d’Afrique centrale concernés.