Identité de l'écriture et écriture de l'identité dans "The New York Trilogy" de Paul Auster
Dominique Coquet-Cardinal2009
510 pp.
Le voyage que le sujet austérien entreprend revêt les apparences d'une enquête policière. Multipliées par trois dans les volets, les histoires des héros Quinn, Blue et un mystérieux narrateur homodiégétique s'enchevêtrent et se complètent, proposant au lecteur, en parallèle d'une déconstruction du roman policier, une triple quête identitaire. À la recherche de leur moi, les héros aux identités fragmentées s'y dédoublent en personnages miroirs.
Au travers de l'expérience d'un vide intérieur qui les plonge dans un monde en chaos, on y lit leur lutte pour construire leur identité grâce au langage. Cette lutte n'est d'autre que le voyage initiatique de celui qu'ils représentent: l'auteur implicite qui, par son acte d'écriture, tente de construire la dimension symbolique de l'auteur réel.
Prenant en compte simultanément l'intégralité de l'oeuvre, l'analyse linguistique a permis de dégager la structure profonde qui relie les volets indissociables de l'écriture de Paul Auster, dans une dimension à la fois horizontale et verticale. L'analyse met en évidence l'importance de l'organisation du discours pour l'inscription du sujet dans la chaîne des signifiants et fournit une image globale de la structure Borroméenne de la trilogie, avec un degré d'organisation du langage extrêmement élevé. L'auteur-ité de Paul Auster sur son écriture est en marche et The New York Trilogy constitue une première pierre à l'édifice d'un écrivain en mal de structuration identitaire. Son oeuvre ne cesse aujourd'hui encore de tisser la toile de ses questionnements ontologiques sur la "grammaire de l'existence".