Manuel Galéa
- Olivier DARD, professeur des Universités, université de Lorraine
- Reynald LAHANQUE, professeur des Universités, université de Lorraine, rapporteur du jury
- Jacques POIRIER, professeur des Universités, université de Bourgogne, rapporteur du jury
- Jean-Michel WITTMANN, professeur des Universités, université de Lorraine, directeur de thèse
À partir d’un corpus exemplaire ce travail vise à saisir l’élément poétique fondamental du roman français des années Trente, défini comme le genre dominant de l’époque : la volonté de « révolution spirituelle », fondée sur une poétique de la catastrophe. Une telle poétique doit être conçue comme la traduction littéraire d’un mouvement intellectuel général visant à dépasser le discrédit jeté contre la démocratie libérale, système organisationnel hérité des Lumières. À la suite des jeunes intellectuels non-conformistes, les auteurs étudiés attaquent l’Intelligence Bourgeoise – système dominant de normes et valeurs hyperrationalistes – qui isole, divise et mutile les individus, à force d’abstraction stérile. Pervertie par les élites, l’Intelligence devient une force de dissociation menaçant la cohésion sociale. En réaction à l’excès de rationalisme délétère, un mouvement antiintellectualiste se développe dont l’enjeu est la définition d’une nouvelle architecture conceptuelle – Intelligence Simple – capable de régénérer l’individu et de restaurer le lien social. Ce projet de nature éthique s’impose comme la norme littéraire dominante et commande le retour à l’engagement des écrivains. Que les romanciers marqués à gauche ou à droite envisagent la crise de l’Intelligence française comme une faillite de la démocratie libérale ou comme une décadence de la nation, au-delà des sensibilités idéologiques et politiques respectives, la poétique.