Aura Dolcianu
- Frank WILHELM, université du Luxembourg, président du jury, rappoteur du jury
- Yves-Michel ERGAL, université de Strasbourg, rapporteur du jury
- Pierre HALEN, université de Lorraine, membre du jury
- Jean-Michel WITTMANN, université de Lorraine, directeur de thèse
Dans le contexte de la Belle Époque, dans une période où la France est obnubilée par l’idée de la Revanche contre l’Allemagne, la culture allemande, c’est-à-dire en premier lieu sa littérature et sa culture, suscite des réactions ambivalentes chez les écrivains français qui voient dans les penseurs et poètes allemands tantôt des adversaires et tantôt des modèles, quand ils ne les perçoivent pas simultanément de façon antagoniste. Le cas de Maurice Barrès apparaît de ce point de vue particulièrement représentatif. Lecteur enthousiaste de Goethe, de Schiller, de Heine notamment, Barrès a subi leur influence tout en s’efforçant de prendre ses distances par rapport à eux, comme en témoignent ses propres romans. Il en va de même avec les philosophes allemands, tout particulièrement Kant, Schopenhauer et Nietzsche, eux aussi évoqués non seulement dans les Cahiers de Barrès, mais aussi dans ses romans. L’exemple de Barrès, sa trajectoire qui doit se lire sur un double plan, littéraire et politique, permet donc d’éclairer les enjeux de cette relation essentiellement ambiguë et les ressorts qui peuvent l’expliquer, comme s’efforce de le montrer cette thèse, soucieuse d’étudier la mise en question de la littérature et de la philosophie allemandes dans l’oeuvre de Barrès, tout en restituant le contexte historique, idéologique et culturel qui permet de la comprendre. Cette double perspective permet dès lors de mieux distinguer la complexité des rapports culturels et littéraires entre la France et l’Allemagne à la Belle Époque et de percevoir de façon plus nuancée la position et la pensée de Barrès, parfois caricaturées.
Publication à l'issue de la thèse: « Le Serment du Jeu de paume dans Colette Baudoche de Barrès », dans La Lettre "R". Revue francophone de culture et de création, n°12, 2012 ((ISSN : 1841-2009)
Abstract:
In the context of the Belle Epoque, for a period when France is obsessed by the idea of the Revenge against Germany, the German culture, that is first of all its literature and its culture, gives to rise ambivalent reactions at the French writers who see in the thinkers and in the German poets, sometimes the opponents and sometimes the models, when they do not perceive them simultaneously in a opposing way. The case of Maurice Barrès seems from this point of view particularly representative. Enthusiastic reader of Goethe, Schiller, Heine in particular, Barrès underwent their influence while trying hard to distance oneself with regard to them, as show of it its own novels. It's the same with the German philosophers, quite particularly Kant, Schopenhauer and Nietzsche, them too evoked not only in the Exercise books of Barrès, but also in his novels. The example of Barrès, its trajectory which has to be read on a double plan, literary and political, thus allows to enlighten the stakes in this essentially ambiguous relation and the competences which can explain it, as tries hard to show it this thesis, worried of studying the questioning of the German literature and the philosophy in the work of Barrès, while restoring the historic, ideological and cultural context which allows to understand it : this double perspective allows from then on to distinguish better the complexity of the cultural and literary connections between France and Germany in the time of « La Belle Époque », and to perceive in a more differentiated way the position and the thought of Barrès, sometimes caricatured.