" La réception du romantisme dans l’œ'oeuvre de Barrès "
Stéphanie Politano
Directeur(s) de thèse
Jean-Michel Wittmann
Composition du jury
  • Mireille DEREU, professeur des Universités, université de Lorraine
  • Éléonore REVERZY, professeur des Universités, université de Strasbourg-Marc Bloch, rapporteur du jury
  • Pierre-Louis REY, professeur émérite, université Paris-III Sorbonne Nouvelle, rapporteur du jur
  • Frank WILHELM, professeur des Universités, université du Luxembourg, membre du jury
  • Jean-Michel WITTMANN, professeur des Universités, université de Lorraine, directeur de thèse
Date et heure de soutenance
Résumé

Maurice Barrès, dont la carrière s'épanouit entre 1880 et 1920, s'est désigné comme un "fils des romantiques", réclamant en cela, un héritage intellectuel et littéraire datant de la première moitié du XIXe siècle. Cette revendication n'a pourtant rien d'anachronique si l'on considère que l'entre-deux siècles, marqué par un climat de crises politiques (scandale de Panama, boulangisme, affaire Dreyfus..) et littéraire (résurgence de la querelle entre classicisme et romantisme), voit le romantisme resurgir sur le devant de la scène, pour être interrogé de manière tout à fait inédite. Associé à l'individualisme partant à la décadence, il se retrouve au centre de débats portant sur des questions aussi bien éthiques qu'esthétiques. A l'heure où l'identité nationale apparaît déliquescente, où l'énergie française semble faire défaut, l'individualisme romantique cristallise toutes sortes de hantises et nourrit un imaginaire profondément ambivalent, qui oscille entre le pôle de l'idéal et celui de la négativité. Dans ce contexte, Maurice Barrès apparaît comme un des écrivains les plus représentatifs de ces formes nouvelles de sensibilité, car son élection en tant que "prince de la jeunesse "et son statut de leader d'opinion lui valent d'occuper une place essentielle, sur l'échiquier des lettres comme sur la scène politique. En analysant la réception du romantisme à l'intérieur même de l'oeuvre romanesque de Barrès, cette étude s'attache ainsi à en éclairer les enjeux, en la resituant dans son contexte.

" La dialectique du maître et du disciple en littérature : l'exemple du roman fin de siècle (Bourget, Barrès, Gide) "
Frédéric Guidon
Directeur(s) de thèse
Jean-Michel Wittmann
Composition du jury
  • Yves-Michel ERGAL, maître de conférences HDR, université de Strasbourg
  • Sylvie FREYERMUTH, professeur des Universités, université du Luxembourg
  • Thanh-Vân TON-THAT, professeur des Universités, université de Pau
  • Jean-Michel WITTMANN, professeur des Universités, université de Lorraine, directeur de thèse
Date et heure de soutenance
Résumé

Ce travail interroge la façon dont un imaginaire magistro-discipulaire, conçu comme riposte à l’esprit décadent et retour à l’autorité du littérateur investit un roman français des années 1890-1900. Il explore cette période à travers Le Disciple de Paul Bourget, L’Ennemi des lois de Maurice Barrès, Les Nourritures terrestres de Gide. Il repère le fonctionnement et les implicites d’une dialectique maître/disciple à travers les manifestations, les mécanismes et les intentions qu’elle véhicule, tant auprès d’un public avoué (la jeunesse) qu’à destination d’un lectorat plus confidentiel (des romanciers pairs et rivaux). Il montre comment le gain symbolique aux représentations du maître à penser participe d’une stratégie qui, sous couvert de socialisation et de pédagogie, sert la cause d’un romancier post-décadent qui, en quête d’une légitimité et à la recherche d’une écriture renouvelée du roman, entreprend l’exercice magistral comme l’impatronisation de l’écrivain en mentor, la moralisation du champ de la fiction en leçon de vie et l’identification du lecteur en disciple, récepteur et réceptacle d’un enseignement auctorial. De manière opérationnelle, il analyse alors l’articulation de structure d’un romanmagistère qui donne voix à un récit et un discours parallèles de maîtrise, et qu’un régime énonciatif distributif (ici diégétique, là extradiégétique) installe dans le dédoublement consonant (Bourget), satirique (Barrès) ou contradictoire (Gide) d’un romanesque didactique qui se réalise par les filtres d’une mise en scène fictive et d’une mise en discours effective, dont le rapport (redondant, distancié ou paradoxal) varie d’un texte à l’autre. La magistralité, ainsi présente dans le paratexte et la narration du roman, se développe sur les deux lignes d’un mécanisme qui réfléchit les deux modalités d’un descriptif et d’un discursif didactiques. Produit d’un dispositif textuel commun mais variable, elle relève de l’identité de trois auteurs proches, apparentés, mais de générations différentes et de notoriété non synchrone, et dont l’expression personnelle magistrale reste pour partie tributaire de celles des deux autres. Elle constitue de ce fait la trajectoire d’un corpus qui illustre en trois étapes  le roman catéchétique, le roman parodique, le roman aporétique  le déplacement de la garantie de la responsabilité à celle de l’originalité, au sein ou aux marges d’un roman de socialisation revu et corrigé à l’aune de chaque écrivain mentor. Spéculaire par son organisation diffractée, mobile au gré de l’évolution contextuelle et de ses créateurs, le roman-magistère en effet épouse et répudie les attentes, les engouements et les croyances de la période post-décadente à travers la reviviscence sérieuse (Le Disciple), jouée (L’Ennemi des lois) ou réfutée (Les Nourritures terrestres) d’un lien de maître à disciple transposé dans les termes d’une relation entre le romancier et son lecteur.

" André Gide, "le romancier-poète" "
Hélène Doub
Directeur(s) de thèse
Jean-Michel Wittmann, Frank Wilhelm (cotutelle)
Composition du jury
  • Pierre HALEN, professeur des Universités, université de Lorraine
  • Sylvie FREYERMUTH, professeur des Universités, université du Luxembourg
  • Pierre MASSON, professeur émérite, université de Nantes, président du jury
  • Franck WILHELM, professeur des Universités, université du Luxembourg, co-directeur de thèse
  • Jean-Michel WITTMANN, professeur des Universités, université de Lorraine, co-directeur de thèse
Date et heure de soutenance
Résumé

Durant toute sa carrière littéraire, André Gide n’a écrit, de son propre aveu, qu’un seul roman, Les Faux-monnayeurs, tout en se définissant tour à tour comme poète et comme romancier. La raison est peut-être à chercher du côté de ses débuts littéraires. Né à l’écriture au moment d’une triple remise en cause des valeurs, du sujet et des représentations, émergeant sur le champ littéraire alors que les deux grands genres que sont la poésie et le roman traversent une crise qui fait vaciller leurs limites et leurs fondements, Gide sera le produit de son époque en ce qu’il héritera de ces chantiers et s’en emparera pour fonder son idée de la littérature. Comme en témoignent son oeuvre fictionnelle, sa correspondance ou sa réflexion critique, Gide reste marqué par la perspective symboliste qui est celle de ses débuts littéraires. Adoubé par l’entourage de Mallarmé, il entretiendra avec le symbolisme une relation pleine d’ambiguïté mais demeurera fidèle à une certaine idée de la littérature « pure » de tout ce qui n’est pas elle et à une image de l’écrivain qui tient beaucoup du poète dévoué à son art. La leçon qu’il retiendra sera celle d’une primauté du point de vue esthétique sur le point de vue moral, ce qui, en des temps plus troublés où l’écrivain sort du champ littéraire pour entrer dans l’arène politique, constituera l’originalité et la force de la posture gidienne. S'interroger sur la place de la poésie dans le projet littéraire gidien de 1890 à 1911, c’est donc d’abord, dans une perspective conceptuelle, chercher à comprendre ce que signifient les mots « poète » et « poésie » pour l’auteur à un moment où leur sens est sans cesse redéfini par un champ littéraire en proie au doute. C’est également, dans une perspective à la fois historique et sociologique, se demander comment Gide définit sa posture d’écrivain dans le champ littéraire par rapport à une image du poète héritée du symbolisme, c’est suivre la constante reprise de ce motif dans les moments de doute et voir quelle est la part de stratégie qui entre dans cette composition du portrait de l’écrivain en poète. C’est enfin, dans une perspective générique et esthétique, observer dans les oeuvres comment se matérialise le rapport critique à la poésie, montrer notamment comment la quête obstinée du roman passe inévitablement par les chemins du genre valorisé et admiré qu’est la poésie.

Abstract:
Throughout his literary career, Gide only admitted to having written one real novel, The Counterfeiters, while still referring to himself as poet or novelist as the mood took him. Perhaps the explanation is to be found in his literary beginnings. He started writing at a time when three aspects—values, subject and representation—were being called into question. Appearing on the literary scene just when the two great genres of poetry and novels were going through a crisis that tested their limits and shook them to the foundations, Gide was a product of his time in that he inherited these upheavals and seized upon them as a basis for his idea of what literature should be. As his fiction, correspondence and critical observations demonstrate, Gide remained marked by the symbolist perspective of his literary beginnings. Lauded by Mallarmé’s followers, Gide was to maintain a highly ambiguous relationship with symbolism, whilst still remaining faithful to a certain idea of literature that was untouched by anything outside itself, and to an image of the writer as very like the poet devoted to his art. The lesson he chose to learn was that the aesthetic point of view should take precedence over the moral, which would constitute the originality and strength of Gide’s position, when during more troubled times, the writer emerged from the literary domain to enter the political arena. As a consequence, to wonder about the place of poetry in Gide’s literary career from 1890 to 1911 means trying to understand, from a conceptual perspective, just what the words “poet” and “poetry” signified for the author at a time when their meaning was constantly being redefined by a literary camp that was prey to doubt. It also means wondering how Gide defined his position as a writer in the literary field compared to an image of the poet as drawn from symbolism, from a perspective that is simultaneously both historical and sociological, as well as tracing the constant recurrence of this motif in moments of doubt, and determining to what extent strategy played a role in the composition of this portrait of the writer as a poet. Finally, from a generic, aesthetic perspective, it means observing how the rapport essential to poetry manifests itself in his works, and especially showing how the stubborn search for the novel follows the twists and turns of that muchrespected, much-admired genre that is poetry.

Keywords: Maurice Barrès, André Gide, Mallarmé, Body, Decadence, Individualism, Materialism, Naturism, Poetry, Novel

" Barrès et la littérature allemande (littérature et philosophie) "
Aura Dolcianu
Directeur(s) de thèse
Jean-Michel Wittmann
Composition du jury
  • Frank WILHELM,  université du Luxembourg, président du jury, rappoteur du jury
  • Yves-Michel ERGAL, université de Strasbourg, rapporteur du jury
  • Pierre HALEN, université de Lorraine, membre du jury
  • Jean-Michel WITTMANN, université de Lorraine, directeur de thèse
Date et heure de soutenance
Résumé

Dans le contexte de la Belle Époque, dans une période où la France est obnubilée par l’idée de la Revanche contre l’Allemagne, la culture allemande, c’est-à-dire en premier lieu sa littérature et sa culture, suscite des réactions ambivalentes chez les écrivains français qui voient dans les penseurs et poètes allemands tantôt des adversaires et tantôt des modèles, quand ils ne les perçoivent pas simultanément de façon antagoniste. Le cas de Maurice Barrès apparaît de ce point de vue particulièrement représentatif. Lecteur enthousiaste de Goethe, de Schiller, de Heine notamment, Barrès a subi leur influence tout en s’efforçant de prendre ses distances par rapport à eux, comme en témoignent ses propres romans. Il en va de même avec les philosophes allemands, tout particulièrement Kant, Schopenhauer et Nietzsche, eux aussi évoqués non seulement dans les Cahiers de Barrès, mais aussi dans ses romans. L’exemple de Barrès, sa trajectoire qui doit se lire sur un double plan, littéraire et politique, permet donc d’éclairer les enjeux de cette relation essentiellement ambiguë et les ressorts qui peuvent l’expliquer, comme s’efforce de le montrer cette thèse, soucieuse d’étudier la mise en question de la littérature et de la philosophie allemandes dans l’oeuvre de Barrès, tout en restituant le contexte historique, idéologique et culturel qui permet de la comprendre. Cette double perspective permet dès lors de mieux distinguer la complexité des rapports culturels et littéraires entre la France et l’Allemagne à la Belle Époque et de percevoir de façon plus nuancée la position et la pensée de Barrès, parfois caricaturées.

Publication à l'issue de la thèse: « Le Serment du Jeu de paume dans Colette Baudoche de Barrès », dans La Lettre "R". Revue francophone de culture et de création, n°12, 2012 ((ISSN : 1841-2009)

Abstract:
In the context of the Belle Epoque, for a period when France is obsessed by the idea of the Revenge against Germany, the German culture, that is first of all its literature and its culture, gives to rise ambivalent reactions at the French writers who see in the thinkers and in the German poets, sometimes the opponents and sometimes the models, when they do not perceive them simultaneously in a opposing way. The case of Maurice Barrès seems from this point of view particularly representative. Enthusiastic reader of Goethe, Schiller, Heine in particular, Barrès underwent their influence while trying hard to distance oneself with regard to them, as show of it its own novels. It's the same with the German philosophers, quite particularly Kant, Schopenhauer and Nietzsche, them too evoked not only in the Exercise books of Barrès, but also in his novels. The example of Barrès, its trajectory which has to be read on a double plan, literary and political, thus allows to enlighten the stakes in this essentially ambiguous relation and the competences which can explain it, as tries hard to show it this thesis, worried of studying the questioning of the German literature and the philosophy in the work of Barrès, while restoring the historic, ideological and cultural context which allows to understand it : this double perspective allows from then on to distinguish better the complexity of the cultural and literary connections between France and Germany in the time of « La Belle Époque », and to perceive in a more differentiated way the position and the thought of Barrès, sometimes caricatured.

 

" Maurice Barrès journaliste et critique littéraire "
Séverine Depoulain
Directeur(s) de thèse
Jean-Michel Wittmann, Frank Wilhelm (cotutelle)
Composition du jury
  • Denis PERNOT, professeur des Universités, université d’Orléans
  • Éléonore REVERZY, professeur des Universités, université de Strasbourg
  • Marie-Ève THÉRENTY, professeur des Universités, université Paul Valéry-Montpellier
  • Frank WILHELM, professeur des Universités, université de Luxembourg, co-directeur de thèse
  • Jean-Michel WITTMANN, professeur des Universités, université de Lorraine, co-directeur de thèse
Date et heure de soutenance
Résumé

Dans la continuité des recherches menées sur les rapports entre presse et littérature au XIXe siècle, cette thèse présente et analyse une sélection d’articles de presse consacrés à la littérature, écrits par Maurice Barrès entre 1883 et 1923. La mise en perspective de la trajectoire littéraire du romancier de l’Énergie nationale à travers ce corpus de textes permet d’illustrer les enjeux liés à la figure de l’écrivain-journaliste dans le contexte historique et culturel de la Belle Époque. Barrès est en effet le représentant d’une génération littéraire qui a su construire et affirmer une légitimité durable au sein du champ littéraire grâce à sa pratique du journalisme. La presse, qui joue pour lui un rôle formateur, l’amène à définir le romancier qu’il souhaite devenir. En dévoilant le lecteur derrière l’écrivain, les études critiques et les chroniques littéraires de Barrès exposent la posture auctoriale choisie par l’artiste et proposent une genèse de la sensibilité barrésienne. L’article de presse devient un espace où se reflète et se développe l’art littéraire de Barrès. Alors que l’art romanesque influence la poétique journalistique, l’imaginaire médiatique s’épanouit au sein de l’univers fictionnel de l’écrivain. Par sa pratique de l’écriture, Barrès crée des textes hybrides qui interrogent la notion même de littérature.

Second prix régional de thèse de la Région Lorraine 2013.