"La dialectique du maßtre et du disciple en littérature : l'exemple du roman fin de siÚcle (Bourget, BarrÚs, Gide) "
Frédéric Guidon
Directeur(s) de thĂšse
Jean-Michel Wittmann
Composition du jury
  • Yves-Michel ERGAL, maĂźtre de confĂ©rences HDR, universitĂ© de Strasbourg
  • Sylvie FREYERMUTH, professeur des UniversitĂ©s, universitĂ© du Luxembourg
  • Thanh-VĂąn TON-THAT, professeur des UniversitĂ©s, universitĂ© de Pau
  • Jean-Michel WITTMANN, professeur des UniversitĂ©s, universitĂ© de Lorraine, directeur de thĂšse
Date et heure de soutenance
Résumé

Ce travail interroge la façon dont un imaginaire magistro-discipulaire, conçu comme riposte Ă  l’esprit dĂ©cadent et retour Ă  l’autoritĂ© du littĂ©rateur investit un roman français des annĂ©es 1890-1900. Il explore cette pĂ©riode Ă  travers Le Disciple de Paul Bourget, L’Ennemi des lois de Maurice BarrĂšs, Les Nourritures terrestres de Gide. Il repĂšre le fonctionnement et les implicites d’une dialectique maĂźtre/disciple Ă  travers les manifestations, les mĂ©canismes et les intentions qu’elle vĂ©hicule, tant auprĂšs d’un public avouĂ© (la jeunesse) qu’à destination d’un lectorat plus confidentiel (des romanciers pairs et rivaux). Il montre comment le gain symbolique aux reprĂ©sentations du maĂźtre Ă  penser participe d’une stratĂ©gie qui, sous couvert de socialisation et de pĂ©dagogie, sert la cause d’un romancier post-dĂ©cadent qui, en quĂȘte d’une lĂ©gitimitĂ© et Ă  la recherche d’une Ă©criture renouvelĂ©e du roman, entreprend l’exercice magistral comme l’impatronisation de l’écrivain en mentor, la moralisation du champ de la fiction en leçon de vie et l’identification du lecteur en disciple, rĂ©cepteur et rĂ©ceptacle d’un enseignement auctorial. De maniĂšre opĂ©rationnelle, il analyse alors l’articulation de structure d’un romanmagistĂšre qui donne voix Ă  un rĂ©cit et un discours parallĂšles de maĂźtrise, et qu’un rĂ©gime Ă©nonciatif distributif (ici diĂ©gĂ©tique, lĂ  extradiĂ©gĂ©tique) installe dans le dĂ©doublement consonant (Bourget), satirique (BarrĂšs) ou contradictoire (Gide) d’un romanesque didactique qui se rĂ©alise par les filtres d’une mise en scĂšne fictive et d’une mise en discours effective, dont le rapport (redondant, distanciĂ© ou paradoxal) varie d’un texte Ă  l’autre. La magistralitĂ©, ainsi prĂ©sente dans le paratexte et la narration du roman, se dĂ©veloppe sur les deux lignes d’un mĂ©canisme qui rĂ©flĂ©chit les deux modalitĂ©s d’un descriptif et d’un discursif didactiques. Produit d’un dispositif textuel commun mais variable, elle relĂšve de l’identitĂ© de trois auteurs proches, apparentĂ©s, mais de gĂ©nĂ©rations diffĂ©rentes et de notoriĂ©tĂ© non synchrone, et dont l’expression personnelle magistrale reste pour partie tributaire de celles des deux autres. Elle constitue de ce fait la trajectoire d’un corpus qui illustre en trois Ă©tapes  le roman catĂ©chĂ©tique, le roman parodique, le roman aporĂ©tique  le dĂ©placement de la garantie de la responsabilitĂ© Ă  celle de l’originalitĂ©, au sein ou aux marges d’un roman de socialisation revu et corrigĂ© Ă  l’aune de chaque Ă©crivain mentor. SpĂ©culaire par son organisation diffractĂ©e, mobile au grĂ© de l’évolution contextuelle et de ses crĂ©ateurs, le roman-magistĂšre en effet Ă©pouse et rĂ©pudie les attentes, les engouements et les croyances de la pĂ©riode post-dĂ©cadente Ă  travers la reviviscence sĂ©rieuse (Le Disciple), jouĂ©e (L’Ennemi des lois) ou rĂ©futĂ©e (Les Nourritures terrestres) d’un lien de maĂźtre Ă  disciple transposĂ© dans les termes d’une relation entre le romancier et son lecteur.