L’étude porte sur le rapport entre la littérature et l'histoire, plus précisément sur l'irruption de l'histoire en littérature. En effet, au regard de certaines fictions on constate que le fait historique vient nourrir le contenu des textes. En d'autres termes, le fait historique devient un réservoir dans lequel les écrivains vont puiser la matière de leurs oeuvres. C'est le cas pour Combat de nègre et de chiens de Bernard-Marie Koltès, qui nous replonge dans les temps de la colonisation, de La condition humaine d'André Malraux, qui s'inspire de la révolution de la classe ouvrière chinoise, de Bug Jargal de Victor Hugo, qui établit un rapport avec la révolution des esclaves à Saint-Domingue, etc. Toutefois si on s'accorde sur le principe que le texte littéraire puise dans l'histoire, au regard des oeuvres qui viennent d'être énumérées il est évident que la matière historique peut être exploitée à des fins diverses. Ainsi on peut s’interroger sur les motivations des auteurs qui puisent dans le passé.
On rapportera cette problématique aux écrivains africains d’après 1960. On s'interrogera sur les effets escomptés par ces auteurs qui ont recours à l'histoire, sur leurs résultats. L’exploration du passé, qui leur permet de se positionner, est un prétexte, un moyen pour eux de se forger une nouvelle conscience. Dans leurs oeuvres, la dimension historique sert à formuler de nouvelles approches sociopolitiques, à critiquer l’ordre établi, à élaborer des visions non encore explorées, à concevoir différemment le rôle et la place de l’écrivain dans le champ littéraire. C’est le statut d’écrivain qui est ainsi redéfini.