" Littérarité du discours politique : le registre épique de l'histoire dans le contexte des Indépendances africaines "
Clément Dembele
Directeur(s) de thèse
Pierre Halen
Composition du jury
  • Véronique PORRA, université de Mayence, rapporteur du jury
  • Papa Samba DIOP, université de Paris-Est, rapporteur du jury
  • Charles SCHEEL, université de Lorraine, membre du jury
  • Pierre HALEN, université de Lorraine, directeur de thèse
Date et heure de soutenance
Résumé


Littérarité du discours politique : le registre épique de l'histoire dans le contexte des Indépendances africaines
La recherche a pour objet les discours politiques et idéologiques de l’Afrique des Indépendances dans leurs dimensions littéraires, notamment épiques. Autrement dit, il s’agit d’examiner comment les discours ont eu recours aux ressources de l’imagination littéraire, loin de certaines réalités sociales, politiques et économiques. Cette mise en évidence du rapport entre le discours politique et le discours littéraire vise, en premier lieu, à montrer que la représentation littéraire de l’histoire a été mise en oeuvre, en dehors de la littérature, par le discours a priori non littéraire du journaliste, de l’essayiste et des hommes politiques. Ici on va examiner comment le discours « sérieux » de la non littérature emprunte divers éléments structurels à la littérature d’imagination, alors qu’en principe elle devrait trouver sa légitimité dans les approches objectives de l’histoire ou de la sociologie. Le passage de l’une à l’autre est bien illustré par le cas de Patrice Lumumba et de sa représentation au théâtre par Aimé Césaire, lui même essayiste (Discours sur le colonialisme, 1955) et homme politique. L’Afrique des Indépendances est le contexte du discours postcolonial, qui prépare, structure et prolonge les Indépendances africaines. C’est un contexte où le recours aux visions du monde épiques a été rendu nécessaire pour des raisons politiques, puisqu’il s’agissait de reconfigurer l’opposition entre « nous » et « les autres » (Todorov), c’est-àdire de fonder de nouvelles « communautés imaginées » (Anderson) par la séparation d’avec la configuration coloniale impériale. Dans cette perspective, l’analyse portera non seulement sur la théorie de l’épopée, sur plusieurs acteurs politiques importants (Lumumba, Kwamé Nkrumah, Ahmed Sékou Touré, Modibo Keïta, Gamal Nasser, etc.), sur des manifestes mais aussi sur les interfaces entre littérature et discours politiques que sont les revues, les essais (Frank Fanon, Memmi, Césaire, Senghor, …) dus à des écrivains qui, par ailleurs, ont eu une activité politique.

Abstract:
The matter is to correct, to analyze the political and ideological discourses of the Africa of Independences in their literary, notably epic dimensions. In other words, to examine how discourses have used the resources of the literary imagination, far from some social, political and economic realities. This pointing up of the relationship between political and literary discourses first of all aims to show that the literary representation of history has been implemented, apart from literature, by the a priori non-literary discourses of the journalist, the essayist and politicians. Here one will examine how the "serious" discourse of the non-literature borrows various structural elements from imaginative literature, when in principle it should find its legitimacy in the objective approaches of history or sociology. The transition from one to another is well illustrated by the case of Patrice Lumumba and his theatre performance by Aimé Césaire being himself essayist (Discourse on Colonialism, 1955) and politician. The Africa of Independences is the context of postcolonial discourse, which prepares structures and extends the African Independences. It is a context where the use of epic views of the world has been necessary for political reasons as the purpose was to reconfigure the opposition between "we" and "the others" (Todorov), i.e. to create new "imagined communities" (Anderson) by separation from the colonial imperial configuration. In this point of view, the analysis will focus not only on the epic theory, on several key political actors (Lumumba, Kwamé Nkrumah, Ahmed Sékou Touré, Modibo Keita, Gamal Nasser, etc ...) on the manifestoes but also on interfaces between literature and political speeches are reviews, the essays (Frank Fanon, Memmi, Césaire, Senghor …) due to writers who also had a political activity.