Domaine de recherche, publications :
Publications
1. « Écritures migrantes de quelques Pieds-Noirs d’Algérie: le cas de Marie Cardinal et d’Alain Vircondelet », in Adama Coulibaly, Yao Louis Konan (dir.), Les écritures migrantes. De l’exil à la migrance littéraire dans le roman francophone, Paris, L’Harmattan, « Espaces littéraires », 2015.
Sofiane Iken
Mme Dominique RANAIVOSON Université de Lorraine Directrice de thèse
M. Jean-Michel WITTMANN Université de Lorraine Examinateur
M. Paul DIRKX Université de Lille Examinateur
M. Mourad YELLES INALCO Rapporteur
M. Benaouda LEBDAÏ Le mans Université Rapporteur
M. Charles BONN Université Lyon 2 Invité
Notre recherche s’intéresse au métissage culturel des écrivains maghrébins de la période coloniale et des écrivains français d’origine maghrébine. Il s’agit d’une étude comparative entre des œuvres littéraires appartenant à deux périodes historiques différentes. Les romans qui sont l’objet de notre étude sont en nombre de quatre. Nous avons choisi deux romans appartenant à la période coloniale, Le Sommeil du juste, de Mouloud Mammeri et Les Chemins qui montent de Mouloud Feraoun et deux romans écrits par deux auteurs Beurs, Le Chinois vert d’Afrique de Leila Sebbar et L’Ilet-aux- vents d’Azouz Begag.
Le but de la recherche est de montrer comment le métissage culturel devient une source d’inspiration littéraire. Autrement dit, comment une appartenance plurielle devient un facteur de la création littéraire ? Dans la personne de l’hybride culturel se réunit des visions et des valeurs appartenant à deux mondes, à deux cultures différentes mêlées depuis l’enfance. Leurs œuvres dévoilent ce mélange, mais surtout elles nous montrent comment l’homme métissé culturellement arrive à réconcilier en lui des valeurs distinctes. Ce que nous appelons le malaise identitaire est, en fait, cette voix dérangeante qui se pose des questions sur le passé et l’avenir, sur l’origine et le devenir. Notre objectif est de regarder de près le dialogue des cultures et des civilisations, notamment entre l’Orient et l’Occident, entre la France et le Maghreb, revisiter le patrimoine culturel franco-Algérien.
Elisabetta Bevilacqua
- Anna PAOLA SONCINI, professeur des Universités, université de Bologne (Italie), rapporteur du jury
- Anna ZOPPELLARI, professeur des Universités, université de Trieste (Italie), rapporteur du jury
- Marco MODENESI, professeur des Universités, université de Milan, membre du jury
- Jean-Michel WITTMANN, professeur des Universités, université de Lorraine, membre du jury
- Pierre HALEN, professeur des Universités, université de Lorraine, directeur de thèse
- Silvia RIVA, maître de conférence HDR, université de Milan, co-directeur de thèse
Mon projet de recherche se propose d’étudier l’évolution de la littérature algérienne francophone d’après l’Indépendance à la lumière d’un critère de classement qui dépasse le concept de littérature maghrébine de langue française constituée de l’ensemble des oeuvres écrites par des auteurs dont la langue maternelle est l’arabe ou le berbère. Le panorama francophone algérien s’est en effet constitué à la croisée de plusieurs productions littéraires: à côté des auteurs arabes et berbères, les plus connus et les plus étudiés par les critiques, de nombreux écrivains juifs et pieds-noirs ont également donné lieu à une littérature remarquable. Mon objet d’étude porte sur la pluralité de ces littératures, dont je mettrai en évidence les diverses spécificités, en établissant pour chacune une cohérence globale. L’analyse comparative d’un corpus d’oeuvres écrites en français par des auteurs dont la langue maternelle n’est pas forcement l’arabe ou le berbère me permettra donc de m’engager dans la recherche de ce qui peut fonder les différentes composantes d’une littérature algérienne véritablement plurielle. Mon étude repose sur une hypothèse principale: je considère que chaque production littéraire (arabo-berbère, juive et pied-noir) ici analysée présente des spécificités aux niveaux thématique et stylistique, ce qui fait qu’aucun corpus n’est pas réductible aux autres. Tant au niveau de l’écriture qu’à celui des sujets abordés, chacune de ces productions représenterait l’expression d’une conscience collective et la “volonté de se forger une Histoire, une mémoire, une destinée communes” (G. Dugas). Ainsi, je me propose d’approfondir tout d’abord le plan socio-historique, la genèse et le développement de ces littératures, pour me pencher ensuite sur les formes et les procédés d’écritures qu’elles mettent en jeu, en illustrant aussi leurs thématiques et les imaginaires qu’elles véhiculent. Après avoir élucidé tous ces aspects à l’importance cruciale pour l’encadrement théorique de mon étude, j’analyserai mon corpus: il se composera des oeuvres des années 1970 de l’écrivain arabe Mohammed Dib (Dieu en barbarie et Le maître de chasse), des romans juifs d’Albert Bensoussan (Frimaldjézar, 1976, et L’échelle de Mesrod ou Parcours algérien de mémoire juive, 1984) et des récits pieds-noirs d’Alain Vircondelet (Maman la blanche, 1981, et Alger, l’amour, 1982). Ce corpus sera examiné, dans une perspective comparative, à la lumière de la spécificité des thèmes abordés (l’expérience de l’exil que tous le trois ont en partage et la réflexion sur l’évolution de l’Algérie indépendante n’en sont que deux) et des procédés stylistiques propres à chaque auteur. À cela s’ajoutera une réflexion sur la langue et sur la dimension comique de l’écriture, cette dernière caractérisant notamment la production juive (l’étude de l’humour juif a d’ailleurs attiré l’attention de nombre d’intellectuels, tels que Judith Stora-Sandor, Joseph Klatzmann et Martin Buber). Ma connaissance de l’arabe (standard et dialectal) me permettra par ailleurs de mieux enquêter sur les choix linguistiques des auteurs, dont les textes sont riches en mélanges entre le français et d’autres langues, l’arabe notamment, comme l’on peut notamment remarquer dans la production d’Albert Bensoussan. Mettre en comparaison trois différentes productions littéraires pourra donc m’ouvrir la voie, comme je l’ai supposé au début, à de nouvelles considérations et approches théoriques dans l’étude de la littérature algérienne d’expression française d’après l’indépendance.
Les travaux de Elisabetta Bevilacqua seront présentés le 15 juin 2015 à 15h00 dans les locaux des l'université de Milan, salle des Séminaires, Piazza S. Alessandro 1, 20123 Milan (Italie)
Clément Dembele
- Véronique PORRA, université de Mayence, rapporteur du jury
- Papa Samba DIOP, université de Paris-Est, rapporteur du jury
- Charles SCHEEL, université de Lorraine, membre du jury
- Pierre HALEN, université de Lorraine, directeur de thèse
Littérarité du discours politique : le registre épique de l'histoire dans le contexte des Indépendances africaines
La recherche a pour objet les discours politiques et idéologiques de l’Afrique des Indépendances dans leurs dimensions littéraires, notamment épiques. Autrement dit, il s’agit d’examiner comment les discours ont eu recours aux ressources de l’imagination littéraire, loin de certaines réalités sociales, politiques et économiques. Cette mise en évidence du rapport entre le discours politique et le discours littéraire vise, en premier lieu, à montrer que la représentation littéraire de l’histoire a été mise en oeuvre, en dehors de la littérature, par le discours a priori non littéraire du journaliste, de l’essayiste et des hommes politiques. Ici on va examiner comment le discours « sérieux » de la non littérature emprunte divers éléments structurels à la littérature d’imagination, alors qu’en principe elle devrait trouver sa légitimité dans les approches objectives de l’histoire ou de la sociologie. Le passage de l’une à l’autre est bien illustré par le cas de Patrice Lumumba et de sa représentation au théâtre par Aimé Césaire, lui même essayiste (Discours sur le colonialisme, 1955) et homme politique. L’Afrique des Indépendances est le contexte du discours postcolonial, qui prépare, structure et prolonge les Indépendances africaines. C’est un contexte où le recours aux visions du monde épiques a été rendu nécessaire pour des raisons politiques, puisqu’il s’agissait de reconfigurer l’opposition entre « nous » et « les autres » (Todorov), c’est-àdire de fonder de nouvelles « communautés imaginées » (Anderson) par la séparation d’avec la configuration coloniale impériale. Dans cette perspective, l’analyse portera non seulement sur la théorie de l’épopée, sur plusieurs acteurs politiques importants (Lumumba, Kwamé Nkrumah, Ahmed Sékou Touré, Modibo Keïta, Gamal Nasser, etc.), sur des manifestes mais aussi sur les interfaces entre littérature et discours politiques que sont les revues, les essais (Frank Fanon, Memmi, Césaire, Senghor, …) dus à des écrivains qui, par ailleurs, ont eu une activité politique.
Abstract:
The matter is to correct, to analyze the political and ideological discourses of the Africa of Independences in their literary, notably epic dimensions. In other words, to examine how discourses have used the resources of the literary imagination, far from some social, political and economic realities. This pointing up of the relationship between political and literary discourses first of all aims to show that the literary representation of history has been implemented, apart from literature, by the a priori non-literary discourses of the journalist, the essayist and politicians. Here one will examine how the "serious" discourse of the non-literature borrows various structural elements from imaginative literature, when in principle it should find its legitimacy in the objective approaches of history or sociology. The transition from one to another is well illustrated by the case of Patrice Lumumba and his theatre performance by Aimé Césaire being himself essayist (Discourse on Colonialism, 1955) and politician. The Africa of Independences is the context of postcolonial discourse, which prepares structures and extends the African Independences. It is a context where the use of epic views of the world has been necessary for political reasons as the purpose was to reconfigure the opposition between "we" and "the others" (Todorov), i.e. to create new "imagined communities" (Anderson) by separation from the colonial imperial configuration. In this point of view, the analysis will focus not only on the epic theory, on several key political actors (Lumumba, Kwamé Nkrumah, Ahmed Sékou Touré, Modibo Keita, Gamal Nasser, etc ...) on the manifestoes but also on interfaces between literature and political speeches are reviews, the essays (Frank Fanon, Memmi, Césaire, Senghor …) due to writers who also had a political activity.