Sébastien Klam
M. Christophe BOURIAU | Université de Lorraine - Département de Philosophie | Directeur de thèse | |||
M. Bernard FOLIGUET | Université de Lorraine - Faculté de Médecine - Département de Cytologie Histologie Embryologie | Examinateur | |||
M. Bernard ANDRIEU | Université Paris 5 | Rapporteur | |||
M. Jacques FANTINO | Université de Lorraine - Département de Théologie | Examinateur | |||
M. Fabienne BRUGERE | Université de Bordeaux 3 | Examinateur | |||
M. Henri LAUX | Centre sèvres | Rapporteur |
Prendre soin de soi et des autres apparaît comme une évidence quand il s'agit de favoriser et d'accompagner la vie, notamment lorsque celle-ci connaît la réalité de l'épreuve. De la naissance à la mort, le maintien en vie suppose une succession de soins nécessaires à la valorisation de sa dignité et des combats contre tout ce qui la menace. Au-delà d'une approche initialement centrée sur la psychologie morale (Kohlberg et Noddings), l'éthique du care souligne l'intérêt de créer et de favoriser une société de soins au sein laquelle tous ses membres peuvent être accueillis et respectés, notamment à partir des notions de responsabilité (Gilligan), de vulnérabilité et d'interdépendance (Tronto) ou encore de capabilités (Sen, Nussbaum). Penser le soin suppose, dans la rencontre, la création d'une relation de confiance à travers laquelle un avenir commun se révèle et honore chaque membre en l'invitant à s'engager dans la vie, malgré les limites exprimées. Considérée comme laïque, l'éthique du care semble inadaptée de prime abord dans une perspective théologique. Pourtant, le mystère de l'incarnation et de la rédemption manifeste clairement la volonté divine de vivre par amour une rencontre de salut à travers ce qu'on pourrait nommer une éthique de la main tendue visant à sauver l'homme de ses souffrances, péchés et morts. Le paradoxe initialement suggéré entre une approche laïque du care et un soin chrétien demande à être reconsidéré pour essayer de fonder un lien entre care et charité en vue d'un bien commun pour l'homme, ce qui apparaît comme une réflexion nouvelle, prometteuse et engageante. Cela revient à dire que la souffrance et la mort resteraient des lieux théologiques à travers lesquels l'amour de Dieu relève l'homme perdu pour le mener vers une vie réconciliée et rénovée. L'enjeu principal d'une telle réflexion ne supposerait-il pas que la charité chrétienne, œuvre de Dieu dans le cœur humain, favorise une éthique du care revisitée par la foi tout en visant l'émergence d'un soin humain mais aussi divin ? De même, l'éthique du care ne se trouverait-elle pas stimulée par l'apport théologique tandis que la charité chrétienne apparaît comme un soin novateur et riche de sens ? Relire l'histoire de l'Eglise au regard de ceux qui se sont fait les relais de la charité, hier et aujourd'hui, apparaît essentiel, ne serait-ce que pour fonder une pastorale qui rende visible l'homo caritatis, c'est-à-dire l'homme de charité témoignant de Dieu. Evoquer des figures de l'Eglise ayant vécu le soin des plus pauvres et des malades, s'intéresser aux problèmes éthiques actuels en médecine (début de vie, handicap, fin de vie), proposer des chemins novateurs pour vivre la présence soignante et chrétienne apparaissent comme autant de pistes intéressantes fondant une care chrétien qu'il faudra définir à partir d'une approche philosophique, théologique et anthropologique.
Pascal Le Vaou
- André BADICHE, professeur émérite, université Rennes I
- Jean-Michel MALDAMÉ, professeur émérite, institut catholique de Toulouse, rapporteur du jury
- Jean-Paul RESWEBER, professeur émérite, université de Lorraine
- Olivier RIAUDEL, professeur des Universités, université catholique de Louvain, rapporteur du jury
- Jacques FANTINO, professeur des Universités, université de Lorraine, directeur de thèse
Cette thèse prend comme point de départ l’oeuvre du théologien Eugen Drewermann qui a le défaut de réduire le langage théologique à une pure symbolique, sans référence à un réel qui le transcenderait. Elle cherche à montrer, à partir de l’exemple de l’incarnation et de la résurrection (deux affirmations centrales de la foi chrétienne), que l’approche de Drewermann n’est pas la seule possible. Les positions de différents théologiens contemporains sont analysées et plus particulièrement celles de Wolfhart Pannenberg qui défend l’idée que le langage théologique se réfère bien à un réel qui le transcende et que l’incarnation ne peut se comprendre qu’à partir de la résurrection, considérée comme un événement historique. Une comparaison est ensuite faite entre le discours théologique et le discours scientifique, qui montre que ce dernier lui-même n’échappe pas au modèle et à la métaphore. Le projet était de chercher à comprendre comment une position réaliste est possible en théologie, sur la base d’un réalisme critique qui, tout en refusant les perspectives relativistes, prend acte de la finitude de tout discours, qui fait que le dogme n’est qu’une étape sur le chemin de la vérité.