Shiva Khaki
Les auteurs et les critiques sont unanimes que l’œuvre d’Alain Mabanckou se range sous la rubrique de l’écriture humoristique. La dimension sérieuse de son œuvre est éclipsée. L’humour, stratégie stylistique et procédé d’écriture, est certes présent dans toute son œuvre, mais avec un certain dosage qui va s’évanouissant en fonction des thèmes abordés.
L’aspect sérieux est révélateur, par contraste, de ce qui empêche l’auteur à adopter l’humour et basculer dans la neutralité du style lorsqu’il aborde certains sujets. Une analyse thématique permettrait de déceler ces cas.
L’auteur soulève des questions identitaires, politiques, culturelles, historiques... dans le contexte global de la mondialisation mouvante. Malgré l’effacement des « frontières » dans l’imaginaire de l’auteur, la présence de son Congo natal (un « ici » plutôt valorisé) et la « métropole » française (un « ailleurs » souvent dévalorisé ou du moins ironisé) semble constante dans l’œuvre. Cette bipolarité semble même s’élargir parfois et s’étendre au couple « monde occidental » et « monde marginalisé africain ». Ne serait-il pas dans ce creuset bipolaire que se moulent et prennent forme les dialogues et les paroles des personnages dans ses romans ? L’étude de son œuvre, dans son ensemble, s’insère dans le postcolonialisme. Les thèmes récurrents sont les histoires nationales, la situation contemporaine des ex-colonisés, les conflits identitaires, les immigrés et ses diasporas, la globalisation, l’hybridité, le colonialisme, l’esclavage, la science, la politique, la morale, etc. Les concepts des études postcolonialistes, tels que l’altérité et le mimétisme, formulés par Homi Bhabha, le subalternisme, l’hybridité culturelle…, représentent des outils d’analyse pour la plupart de ces thèmes. Dans ce projet de thèse, nous proposons un recensement de ces éléments, en lien avec ces thèmes, sur deux axes syntagmatique et paradigmatique.