Shiva Khaki
Les auteurs et les critiques sont unanimes que l’œuvre d’Alain Mabanckou se range sous la rubrique de l’écriture humoristique. La dimension sérieuse de son œuvre est éclipsée. L’humour, stratégie stylistique et procédé d’écriture, est certes présent dans toute son œuvre, mais avec un certain dosage qui va s’évanouissant en fonction des thèmes abordés.
L’aspect sérieux est révélateur, par contraste, de ce qui empêche l’auteur à adopter l’humour et basculer dans la neutralité du style lorsqu’il aborde certains sujets. Une analyse thématique permettrait de déceler ces cas.
L’auteur soulève des questions identitaires, politiques, culturelles, historiques... dans le contexte global de la mondialisation mouvante. Malgré l’effacement des « frontières » dans l’imaginaire de l’auteur, la présence de son Congo natal (un « ici » plutôt valorisé) et la « métropole » française (un « ailleurs » souvent dévalorisé ou du moins ironisé) semble constante dans l’œuvre. Cette bipolarité semble même s’élargir parfois et s’étendre au couple « monde occidental » et « monde marginalisé africain ». Ne serait-il pas dans ce creuset bipolaire que se moulent et prennent forme les dialogues et les paroles des personnages dans ses romans ? L’étude de son œuvre, dans son ensemble, s’insère dans le postcolonialisme. Les thèmes récurrents sont les histoires nationales, la situation contemporaine des ex-colonisés, les conflits identitaires, les immigrés et ses diasporas, la globalisation, l’hybridité, le colonialisme, l’esclavage, la science, la politique, la morale, etc. Les concepts des études postcolonialistes, tels que l’altérité et le mimétisme, formulés par Homi Bhabha, le subalternisme, l’hybridité culturelle…, représentent des outils d’analyse pour la plupart de ces thèmes. Dans ce projet de thèse, nous proposons un recensement de ces éléments, en lien avec ces thèmes, sur deux axes syntagmatique et paradigmatique.
Hojjat Rashtiani
- Sylvie FREYERMUTH, professeur des Université, université du Luxembourg, rapporteur du jury
- Jacques POIRIER, professeur des Université, université Dijon-Bourgogne, rapporteur du jury
- Raymond MICHEL, maître de conférence, université de Lorraine, membre du jury
- Pierre HALEN, professeur des Université, université de Lorraine, directeur de thèse
Alain Poaire Kamki
- Marc-Mathieu MÜNCH, université de Lorraine, examinateur
- Félix-Nicodème BIKOÏ, université de Maroua, rapporteur du jury
- Richard Laurent OMGBA, université de Yaoundé I, examinateur
- Jürgen Ernest MÜLLER, université de Bayreuth, rapporteur du jury
- Pierre HALEN, université de Lorraine, co-directeur de thèse
- François GUIYOBA, université de Yaoundé I, directeur de thèse
Les hasards d’une rencontre, la fascination pour l’Ailleurs ou pour l’Autre : telles sont les circonstances qui ont conduit des femmes européennes à séjourner en terre africaine à des périodes différentes. C’est, en l’occurrence, la Franco-camerounaise Claude Njiké-Bergeret, la « Reine blanche » de la chefferie de Bangangté, épouse et coépouse d’une quarantaine d’autres femmes du chef traditionnel ; c’est la Danoise Karen Blixen, la « Reine du Ngong », qui, séduite par les vertus agricoles de la terre kényane, y vécut pendant dix-sept années ; ce sont les Allemandes Stefan Zweig et Stefanie Gercke dont l’une, pour des raisons politiques et à cause du fascisme, a trouvé refuge au Kenya avec toute sa famille, et dont l’autre, par punition parentale, se trouve obligée de s’embarquer pour l’Afrique du Sud ; c’est la Suisse Corinne Hofmann qui, ayant fait faillite dans son activité commerciale, s’amourache d’un guerrier massaï et en devient l’épouse ; et c’est enfin l’Italienne Francesca Marciano qui, ayant perdu son père, décide, pour oublier ce triste événement, de faire des safaris au Kenya. Ces femmes ont rédigé des romans autobiographiques (Ma passion africaine, La Ferme africaine, Une enfance africaine, Mon retour en Afrique, La Massaï blanche et L’Africaine) qui retracent leur vie dans des milieux africains, linguistiquement et culturellement divers. Si ces récits sont traversés par leur amour, leur affection, voire leur passion, pour l’Afrique et pour les Africains, ils contiennent aussi pas mal de clichés et de préjugés raciaux à propos de cette altérité ; c’est ce que révèle une étude imagologique approfondie. Les « louanges de mépris », comme disait Senghor, recourent ainsi parfois à un vocabulaire animalier, voire à l’insulte. La différence culturelle est en effet le produit d’une construction. Partageant la vie des Africains, ces femmes laissent des témoignages précieux à propos du regard sur l’Autre, et dès lors, du discours européen (occidental) concernant l’altérité africaine à l’ère de la globalisation.
Abstract:
As far as people deals with community, there are singular routes and ordinary lives which change their situations. By so doing, happy and unhappy contacts, desires of foreign countries, fascinations of others are reasons that moreover brought European women to sojourn in African countries during different periods. For instance, it is the case of Franco-cameroonian Claude-Njiké Bergeret, the “White queen” of Bangangte kingdom, spouse of a traditional chief and co-wife of forty other ones ; it is also the case of the Danish Karen Blixen, the “Ngong queen” who was very fascinated by the kenyan earth so that she spent seventeen years there ; German women as Stefan Zweig and Stefanie Gercke are not neglected. The first, because of political reasons and Nazism-fascism doctrines found refugee in Kenya whereas the second, who didn’t obey her parents, was sacked and sent to South-Africa. The woman of Switzerland Corinne Hofmann, after going bankrupt, felt in love with a massaï warrior and became his wife. It is finally the British-Italian Francesca Marciano, who, after losing unfortunately her father, decided to travel to Kenya for safaris, in order to forget such unhappy memories. In fact, those women wrote autobiographical novels as (Ma Passion africaine, La Ferme africaine, Une enfance africaine, Mon Retour d’Afrique, La Massaï blanche, L’Africaine) which relate their daily histories, tell about their life and experience in African spheres, despite the fact that these spaces are linguistically and culturally diverse. So, if these novels show proof of love and affection of Migrants for Africa and Africans, and at that time, their passion and sympathy for these people, they hide several clichés & racial prejudgments on other, which are discovered through deeply imagology study. Through insults and the use of animal words, these discourses reduce black Men to the level of savage. Apart from all, these words are somewhat a sort of lounges of contempt, because, in such context, the cultural difference can be after all a constructing product. When sharing the life with African Men through marriage, these women wanted to show a new look to represent the stranger and, in doing so, in the era of globalization, to let know that it is possible to take a fresh look at the european or the occidental discourse about Africa.
Keywords: Alterity, Other, Identity, –Imagology, Love, Hate, Prejudgment, Regard, Travel.
Buata Bundu Malela
- A. MINGELGRÜN, professeur des Université, président du jury
- L. COULOUBARITSIS, professeur des Universités, université libre de Bruxelles, président du jury français
- P. Aron, professeur des Universités, université libre de Bruxelles, co-directeur de thèse
- P. HALEN, professeur des Universités, université de Lorraine, co-directeur de thèse
- R. FONKOUA, université de Strasbourg, rapporteur du jury
- J.-M. PRIVAT, professeur des Universités, université de Lorraine, rapporteur du jury
- V. PORRA, université de Mayence, rapporteur complémentaire
L'Homme pareil aux autres. Stratégies et postures identitaires de l'écrivain afro-antillais à Paris (1920-1960)
Cette étude porte sur le fait littéraire afro-antillais de l’ère coloniale (1920-1960). Il s’agit d’examiner les stratégies des agents à partir des cas de René Maran, Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Édouard Glissant et Mongo Beti et de percevoir comment ils définissent leur identité littéraire et sociale. Pour ce faire, notre démarche s’articule en deux temps : 1. examiner les conditions de possibilité d’un champ littéraire afro-antillais à Paris (colonisation française et ses effets, configuration d’un champ littéraire pré-institutionnalisé, etc.) ; 2. analyser les processus de consolidation du champ, ainsi que les luttes internes qui opposent deux tendances émergentes représentées d’abord par Senghor et Césaire, ensuite par Beti et Glissant, dont les prises de position littéraires mettent en œuvre des « modèles empiriques » ; ceux-ci régulent et unifient leurs rapports au monde et à l’Afrique.
Publication issue de la thèse : Les Écrivains afro-antillais à Paris (1920-1960). Stratégies et postures identitaires. Paris : Karthala, coll. Lettres du Sud, 2008, 465 p. – ISBN : 978-2-84586-979-0.
Abstract:
The man who is just like the others. Strategies and identities of african and carribean writers in Paris (1920-1960)
This study relates to afro-carribean literature in colonial period (1920-1960). We want to examine the strategies of agents like René Maran, Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Édouard Glissant and Mongo Beti ; and we want to understand how they invente literary and social identity. Our approach is structured in two steps: we shall analyse 1. the conditions for an afro-carribean literary field to appear in Paris (french colonialism and its consequences, configuration of literay field...) ; 2. the consolidation of this field and the internal struggles between two tendances represented by Senghor and Césaire, by Glissant and Beti whose literary practice shows the “empirical model” that regularizes and consolidates their relation with the world and Africa.