Domaine de recherche, publications :
- Et si brillait le soleil, Paris, L’Harmattan, 2015
- Dunia, Paris, L’Harmattan, 2016
- Benetutto, Lyon, Ed. Baudelaires, 2019
L’objet de cette recherche est la littérature centrafricaine, telle qu’elle peut être vue à travers le prisme de l’œuvre d’Étienne Goyemide (1942-1997). Avec Le Silence de la forêt et Le Dernier survivant de la caravane, l’écrivain présente deux fictions romanesques intéressantes non seulement pour le fait qu’elles entremêlent harmonieusement plusieurs genres littéraires – le roman, le conte, la légende, le mythe –, mais encore parce qu’elles font écho d’une manière particulière à l’histoire douloureuse et sanglante de la traite esclavagiste perpétrée par les sultanats musulmans, au dépeuplement de l’Est du Centrafrique, aux us et coutumes des pygmées, à l’époque coloniale etc.
Autour d’Étienne Goyemide, de nombreuses publications fictionnelles, renommées ou non, constituent de véritables lieux d’histoire, d’anthropologie et de construction identitaire. La plupart sont écrites par des auteurs centrafricains qui ont su faire de la langue française le véhicule d’un imaginaire riche d’images, de chansons et de danse.
Cette étude permettra de considérer la création littéraire comme un lieu de mémorialisation pour une histoire sanglante, comme tribune de dénonciation de maux engendrés par les « soleils des indépendances » et néanmoins aussi comme cri d’espérance.
Une telle recherche a en partie par ailleurs pour but de préserver de l’oubli les trésors locaux menacés par les guerres à répétitions, mais aussi de faire contribuer la littérature à la reconstruction d’une identité culturelle fortement abimée par les conflits ; enfin, celui de proposer au monde de la connaissance universitaire un panorama de l’imaginaire et de la créativité d’une société souvent marginalisée.
Maître de conférences HDR en civilisation des mondes hispaniques à l’Université de Lorraine.
M. Pierre HALEN Université de Lorraine Directeur de thèse
M. Sylvère MBONDOBARI Université Bordeaux Montaigne Co-directeur de thèse
M. Steeve RENOMBO Université Omar Bongo Rapporteur
Mme Sylvie FREYERMUTH Université du Luxembourg Examinatrice
Mme Anne SCHNEIDER Université de Caen Examinatrice
Cette thèse porte sur la production des identités en contexte post-colonial. Elle part du constat selon lequel les divers aspects de la société-monde (la circulation des personnes, des capitaux et des cultures) ont participé à la formation d’un public enfant pluriculturel, influencé par une culture-monde, elle-même dominée par les cultures des grandes puissances économiques. Face à cette « colonisation des imaginaires » (Joseph Tonda, 2015), interprétée par certains chercheurs comme une américanisation du monde (Jean-Marie Guehénno, 1999), on assiste à une « contre-attaque » des minorités (cultures peu visibles dans le sillage de la culture-monde) : les écrivains africains, antillais, amérindiens, etc., entendent écrire des livres géoculturalisés à l’intention des enfants et des jeunes : le but serait de leur transmettre un héritage culturel, linguistique et historique susceptible de leur apporter un équilibre identitaire dans le maelström de la globalisation culturelle. Ainsi, dans un contexte post-colonial, de « grands » écrivains contribuent à enrichir la bibliothèque des plus petits, à qui ils fournissent des récits « ancrés » dans des cultures du terroir ; ils font ainsi, de la littérature pour la jeunesse, un outil de transmission des identités culturelles. Or, l’analyse d’un échantillon de cette production littéraire (constituée des œuvres de Maryse Condé, Louise Erdrich et de Véronique Tadjo) révèle, outre l’existence de ce qu’on pourrait appeler une littérature de jeunesse post-coloniale, un paradoxe lié à l’engagement même des auteurs : les œuvres qui s’annoncent comme des productions géolocalisées oscillent, en réalité, entre nation et mondialisation, local et global, particulier et universel. Ce phénomène, qui s’explique par le métissage et le parcours des écrivains, débouche sur ce qu’on pourrait appeler une « double impossibilité de passage » en même temps qu’elle fait penser à une « imposture culturelle » (Hélé Béji) dont la fonction pourrait être de favoriser l’entrance des auteurs dans le marché international de la reconnaissance. En effet, le débat sur les identités éclairé par les thèses d’Hélé Béji, Laurent Dubreuil, Léonora Miano, entre autres, sans dénier le rôle positif que la littérature de jeunesse postcoloniale peut jouer dans la construction de nouvelles citoyennetés (celles de lecteurs-mondes ouverts sur l’universel), est néanmoins susceptible d’éclairer autrement les configurations et les effets de ces écritures. La présente étude doit donc permettre de discerner les démarches esthétiques et sociologiques ainsi que les enjeux politiques de cette production littéraire. Les premières concernent, d’une part, l’organisation textuelle et ses caractéristiques formelles et, d’autre part, la dimension épistémologique d’une littérature de jeunesse post-coloniale (Clare Bradford, 2007). Les deuxièmes, quant à elles, concernent les stratégies éditoriales des écrivaines (circulation entre les secteurs éditoriaux, lieux de publication, traductions, etc.) ainsi que les modalités et le sens possible d’une ouverture de l’enfant à l’universel. Les dernières, enfin, se penchent sur les enjeux de la question identitaire par rapport à l’entrance des auteurs et au débat actuel sur la politique d’identité.
Mme Anne-Elisabeth SPICA Université de Lorraine Directeur de these
M. Jean-Pierre VAN ELSLANDE Université de Neuchâtel CoDirecteur de these
M. Emmanuel BURY Université de Paris-Sorbonne Rapporteur
Mme Marie-Gabrielle LALLEMAND Université de Caen Rapporteur
M. Jérôme VIRET Université de Lorraine Examinateur
M. Alain CULLIERE Université de Lorraine Invité
M. Jean GARAPON Université de Nantes Invité
Notre thèse se propose d'envisager l'écriture des Mémoires, de la seconde moitié du XVIe siècle à la première moitié du XVIIIe siècle, à l'aune d'une écriture de l'idéal familial. Il nous semble en effet que la famille permet de lire à nouveaux frais ces textes pour y voir non plus exclusivement l'expression d'un "je" singulier, mais en réalité d'un "je-nous", d'une identité qui se fait à la fois singulière et collective. En effet, les mémorialistes aristocrates de la Première Modernité investissent, dans leurs Mémoires un espace dans lequel régénérer les valeurs de la lignée aristocratique pour affirmer une image d'eux-mêmes au sein de l'espace social et curial: pour ce faire, ils fabriquent un récit familial, une légende de la famille à transmettre au gré de mythes familiaux et de généalogies. Ils construisent une fiction de solidarité au sein d'une famille choisie, qui reconfigure les frontières de la parenté objective pour intégrer à une parenté rêvée des personnages et des collectifs que seule l'écriture peut configurer en membres d'une famille d'encre. |
Agrégée d’espagnol depuis 1993. Thèse de Doctorat L’univers romanesque de Luis Mateo Díez : un territoire littéraire, soutenue en décembre 2001, à l’Université de Tours. HDR soutenue en septembre 2015 « Le roman espagnol contemporain : entre fiction et autofiction », avec un inédit intitulé Antonio Soler : de l’empreinte sensorielle à l’identité narrative. Maître de conférences à l’Université Paul Verlaine de Metz, puis à l’Université de Lorraine depuis septembre 2006.
Études de philologie romane à Bruxelles et Louvain, professeur dans l'enseignement secondaire supérieur à Bruxelles, ensuite assistant à l'Université Catholique de Louvain (Unité de Littérature française moderne, puis Unité de Théorie littéraire et littérature comparée). Docteur en Philosophie et Lettres. Travaille ensuite à l'Université de Bayreuth au titre de chercheur invité (SFB Identität in Afrika), puis comme enseignant C3 et C4 a.i (Romanistik / Komparatistik). Ensuite chercheur à l’Université d’Anvers (UIA).
Membre permanent du CÉRÉdI depuis 2020
Maître de conférences en littérature française du XVIIe siècle à l'Université de Rouen
Les hasards d’une rencontre, la fascination pour l’Ailleurs ou pour l’Autre : telles sont les circonstances qui ont conduit des femmes européennes à séjourner en terre africaine à des périodes différentes. C’est, en l’occurrence, la Franco-camerounaise Claude Njiké-Bergeret, la « Reine blanche » de la chefferie de Bangangté, épouse et coépouse d’une quarantaine d’autres femmes du chef traditionnel ; c’est la Danoise Karen Blixen, la « Reine du Ngong », qui, séduite par les vertus agricoles de la terre kényane, y vécut pendant dix-sept années ; ce sont les Allemandes Stefan Zweig et Stefanie Gercke dont l’une, pour des raisons politiques et à cause du fascisme, a trouvé refuge au Kenya avec toute sa famille, et dont l’autre, par punition parentale, se trouve obligée de s’embarquer pour l’Afrique du Sud ; c’est la Suisse Corinne Hofmann qui, ayant fait faillite dans son activité commerciale, s’amourache d’un guerrier massaï et en devient l’épouse ; et c’est enfin l’Italienne Francesca Marciano qui, ayant perdu son père, décide, pour oublier ce triste événement, de faire des safaris au Kenya. Ces femmes ont rédigé des romans autobiographiques (Ma passion africaine, La Ferme africaine, Une enfance africaine, Mon retour en Afrique, La Massaï blanche et L’Africaine) qui retracent leur vie dans des milieux africains, linguistiquement et culturellement divers. Si ces récits sont traversés par leur amour, leur affection, voire leur passion, pour l’Afrique et pour les Africains, ils contiennent aussi pas mal de clichés et de préjugés raciaux à propos de cette altérité ; c’est ce que révèle une étude imagologique approfondie. Les « louanges de mépris », comme disait Senghor, recourent ainsi parfois à un vocabulaire animalier, voire à l’insulte. La différence culturelle est en effet le produit d’une construction. Partageant la vie des Africains, ces femmes laissent des témoignages précieux à propos du regard sur l’Autre, et dès lors, du discours européen (occidental) concernant l’altérité africaine à l’ère de la globalisation.
Abstract:
As far as people deals with community, there are singular routes and ordinary lives which change their situations. By so doing, happy and unhappy contacts, desires of foreign countries, fascinations of others are reasons that moreover brought European women to sojourn in African countries during different periods. For instance, it is the case of Franco-cameroonian Claude-Njiké Bergeret, the “White queen” of Bangangte kingdom, spouse of a traditional chief and co-wife of forty other ones ; it is also the case of the Danish Karen Blixen, the “Ngong queen” who was very fascinated by the kenyan earth so that she spent seventeen years there ; German women as Stefan Zweig and Stefanie Gercke are not neglected. The first, because of political reasons and Nazism-fascism doctrines found refugee in Kenya whereas the second, who didn’t obey her parents, was sacked and sent to South-Africa. The woman of Switzerland Corinne Hofmann, after going bankrupt, felt in love with a massaï warrior and became his wife. It is finally the British-Italian Francesca Marciano, who, after losing unfortunately her father, decided to travel to Kenya for safaris, in order to forget such unhappy memories. In fact, those women wrote autobiographical novels as (Ma Passion africaine, La Ferme africaine, Une enfance africaine, Mon Retour d’Afrique, La Massaï blanche, L’Africaine) which relate their daily histories, tell about their life and experience in African spheres, despite the fact that these spaces are linguistically and culturally diverse. So, if these novels show proof of love and affection of Migrants for Africa and Africans, and at that time, their passion and sympathy for these people, they hide several clichés & racial prejudgments on other, which are discovered through deeply imagology study. Through insults and the use of animal words, these discourses reduce black Men to the level of savage. Apart from all, these words are somewhat a sort of lounges of contempt, because, in such context, the cultural difference can be after all a constructing product. When sharing the life with African Men through marriage, these women wanted to show a new look to represent the stranger and, in doing so, in the era of globalization, to let know that it is possible to take a fresh look at the european or the occidental discourse about Africa.
Keywords: Alterity, Other, Identity, –Imagology, Love, Hate, Prejudgment, Regard, Travel.
Coordination : Virginia de la Cruz, Bruno Trentini