L’objet de cette recherche est la littérature centrafricaine, telle qu’elle peut être vue à travers le prisme de l’œuvre d’Étienne Goyemide (1942-1997). Avec Le Silence de la forêt et Le Dernier survivant de la caravane, l’écrivain présente deux fictions romanesques intéressantes non seulement pour le fait qu’elles entremêlent harmonieusement plusieurs genres littéraires – le roman, le conte, la légende, le mythe –, mais encore parce qu’elles font écho d’une manière particulière à l’histoire douloureuse et sanglante de la traite esclavagiste perpétrée par les sultanats musulmans, au dépeuplement de l’Est du Centrafrique, aux us et coutumes des pygmées, à l’époque coloniale etc.
Autour d’Étienne Goyemide, de nombreuses publications fictionnelles, renommées ou non, constituent de véritables lieux d’histoire, d’anthropologie et de construction identitaire. La plupart sont écrites par des auteurs centrafricains qui ont su faire de la langue française le véhicule d’un imaginaire riche d’images, de chansons et de danse.
Cette étude permettra de considérer la création littéraire comme un lieu de mémorialisation pour une histoire sanglante, comme tribune de dénonciation de maux engendrés par les « soleils des indépendances » et néanmoins aussi comme cri d’espérance.
Une telle recherche a en partie par ailleurs pour but de préserver de l’oubli les trésors locaux menacés par les guerres à répétitions, mais aussi de faire contribuer la littérature à la reconstruction d’une identité culturelle fortement abimée par les conflits ; enfin, celui de proposer au monde de la connaissance universitaire un panorama de l’imaginaire et de la créativité d’une société souvent marginalisée.