"L'Autre vu par des Européennes en Afrique au XXe et XXIe siècle (à propos des récits autobiographiques de Karen Blixen, Claude-Njiké Bergeret, Stefan Zweig, Stefanie Gercke, Corinne Hofmann et Francesca Marciano) "
Alain Poaire Kamki
Directeur(s) de thèse
Pierre Halen, François Guiyoba (cotutelle)
Composition du jury
  • Marc-Mathieu MÜNCH, université de Lorraine, examinateur
  • Félix-Nicodème BIKOÏ, université de Maroua, rapporteur du jury
  • Richard Laurent OMGBA, université de Yaoundé I, examinateur
  • Jürgen Ernest MÜLLER, université de Bayreuth, rapporteur du jury
  • Pierre HALEN, université de Lorraine, co-directeur de thèse
  • François GUIYOBA, université de Yaoundé I, directeur de thèse
Date et heure de soutenance
Résumé

Les hasards d’une rencontre, la fascination pour l’Ailleurs ou pour l’Autre : telles sont les circonstances qui ont conduit des femmes européennes à séjourner en terre africaine à des périodes différentes. C’est, en l’occurrence, la Franco-camerounaise Claude Njiké-Bergeret, la « Reine blanche » de la chefferie de Bangangté, épouse et coépouse d’une quarantaine d’autres femmes du chef traditionnel ; c’est la Danoise Karen Blixen, la « Reine du Ngong », qui, séduite par les vertus agricoles de la terre kényane, y vécut pendant dix-sept années ; ce sont les Allemandes Stefan Zweig et Stefanie Gercke dont l’une, pour des raisons politiques et à cause du fascisme, a trouvé refuge au Kenya avec toute sa famille, et dont l’autre, par punition parentale, se trouve obligée de s’embarquer pour l’Afrique du Sud ; c’est la Suisse Corinne Hofmann qui, ayant fait faillite dans son activité commerciale, s’amourache d’un guerrier massaï et en devient l’épouse ; et c’est enfin l’Italienne Francesca Marciano qui, ayant perdu son père, décide, pour oublier ce triste événement, de faire des safaris au Kenya. Ces femmes ont rédigé des romans autobiographiques (Ma passion africaine, La Ferme africaine, Une enfance africaine, Mon retour en Afrique, La Massaï blanche et L’Africaine) qui retracent leur vie dans des milieux africains, linguistiquement et culturellement divers. Si ces récits sont traversés par leur amour, leur affection, voire leur passion, pour l’Afrique et pour les Africains, ils contiennent aussi pas mal de clichés et de préjugés raciaux à propos de cette altérité ; c’est ce que révèle une étude imagologique approfondie. Les « louanges de mépris », comme disait Senghor, recourent ainsi parfois à un vocabulaire animalier, voire à l’insulte. La différence culturelle est en effet le produit d’une construction. Partageant la vie des Africains, ces femmes laissent des témoignages précieux à propos du regard sur l’Autre, et dès lors, du discours européen (occidental) concernant l’altérité africaine à l’ère de la globalisation.

Abstract:
As far as people deals with community, there are singular routes and ordinary lives which change their situations. By so doing, happy and unhappy contacts, desires of foreign countries, fascinations of others are reasons that moreover brought European women to sojourn in African countries during different periods. For instance, it is the case of Franco-cameroonian Claude-Njiké Bergeret, the “White queen” of Bangangte kingdom, spouse of a traditional chief and co-wife of forty other ones ; it is also the case of the Danish Karen Blixen, the “Ngong queen” who was very fascinated by the kenyan earth so that she spent seventeen years there ; German women as Stefan Zweig and Stefanie Gercke are not neglected. The first, because of political reasons and Nazism-fascism doctrines found refugee in Kenya whereas the second, who didn’t obey her parents, was sacked and sent to South-Africa. The woman of Switzerland Corinne Hofmann, after going bankrupt, felt in love with a massaï warrior and became his wife. It is finally the British-Italian Francesca Marciano, who, after losing unfortunately her father, decided to travel to Kenya for safaris, in order to forget such unhappy memories. In fact, those women wrote autobiographical novels as (Ma Passion africaine, La Ferme africaine, Une enfance africaine, Mon Retour d’Afrique, La Massaï blanche, L’Africaine) which relate their daily histories, tell about their life and experience in African spheres, despite the fact that these spaces are linguistically and culturally diverse. So, if these novels show proof of love and affection of Migrants for Africa and Africans, and at that time, their passion and sympathy for these people, they hide several clichés & racial prejudgments on other, which are discovered through deeply imagology study. Through insults and the use of animal words, these discourses reduce black Men to the level of savage. Apart from all, these words are somewhat a sort of lounges of contempt, because, in such context, the cultural difference can be after all a constructing product. When sharing the life with African Men through marriage, these women wanted to show a new look to represent the stranger and, in doing so, in the era of globalization, to let know that it is possible to take a fresh look at the european or the occidental discourse about Africa.

Keywords: Alterity, Other, Identity, –Imagology, Love, Hate, Prejudgment, Regard, Travel.