" Vers un canon mystique européen. Quelle unité pour la littérature mystique de la première modernité (1498 1675) ? "
Camille SIGNES
Nom (lien)
Directeur(s) de thèse
Claire Placial (UL, ECRITURES), Michèle Clément (Université Lumière Lyon 2)
Résumé

Poursuivant les travaux de Brémond et de Michel de Certeau, mon projet se propose de formaliser une « grammaire » mystique transnationale, c’est-à-dire les règles et les principes présidant l’écriture dite mystique des XVIe et XVIIe siècles. Postuler l’homogénéité de ces textes peut sembler paradoxal puisque la mystique, au sens d’une union sans médiation à Dieu, se caractérise par la singularité du récit de l’expérience individuelle qu’elle offre. Pourtant, le postulat de Brémond d’une « invasion mystique » dans la France du XVIIe siècle suggère bel et bien une impulsion commune à l’origine de ces textes, au-delà de leurs singularités et de leurs disparités linguistiques. Cette formalisation reposera sur une définition de la mystique comme expérience de la parole, comme l’a établie La Fable mystique de Michel de Certeau. Si la mystique est une théorie et pratique de la langue, il sera nécessaire de construire une armature avant tout poétique, sans pour autant négliger de possibles interférences avec une cohésion plus dogmatique et chrétienne. J’adopterai également une démarche comparatiste afin de dégager une cohésion poétique, au-delà des disparités nationales. Sans tomber dans l’univocité ou la systématisation, je souhaite donc constituer une somme poétique de la littérature mystique européenne (Espagne, France, et terres de langue allemande) de la première modernité, qui en recensera les codes propres, participant ainsi à la construction d’un « mouvement » littéraire.

Domaine de recherche, publications :

Domaines de recherche

XVIe siècle, XVIIe siècle, poésie spirituelle

Publications

« "Midi qui sans changer toujours midi demeure" : Révéler l'éternité, la poésie mystique de Catharina von Greiffenberg (1633-1694) » dans Les effets de temps : perception et représentation de la vitesse, Cazalet-Boudigues, Alix, Ratail, Lucie, Lyon, Université Lyon 3 Jean Moulin, 2021.

Publication à venir

NAUROY Gérard

Statut
Professeur émérite
Responsabilités pédagogiques

Membre du Centre de recherches « Écritures » (autrefois « Michel Baude. Littérature et spiritualité ») qu’il a dirigé entre 1998 et 2002, il a créé et animé pendant dix ans la collection « Recherches en littérature et spiritualité » (20 volumes parus entre 2001 et 2011). Membre étranger de l’Accademia di sant’Ambrogio, Biblioteca Ambrosiana, Milan (2007).

Responsabilités administratives

Doyen honoraire de la faculté des lettres et sciences humaines qu’il a dirigée pendant dix ans, il a été président de l’Université de Metz entre 1993 et 1998. Il est actuellement président de l’Académie nationale de Metz.

Domaines de recherche

Sa recherche porte sur l’Antiquité tardive, en particulier sur Ambroise de Milan et l’Italie du Nord à la fin du ive et au début du ve siècle, sur l’exégèse biblique des Pères latins, sur les rapports entre écriture, spiritualité et discours pastoral, sur l’épistolographie dans l’Antiquité tardive (il est chargé de coordonner l’édition de la correspondance d’Ambroise dans la collection « Sources Chrétiennes »).

" Traduction et commentaire du De Resurrectione de Méthode d'Olympe "
Marie-Noëlle Vignal
Directeur(s) de thèse
Marie-Anne Vannier (UL)
Composition du jury

NC

Résumé

Ce sujet de thèse consiste en un commentaire du  « De resurrectione », traité composé sous la forme d’un dialogue platonicien par Méthode d’Olympe, théologien du IIIe siècle.  Les personnages mis en scène dans ce dialogue s’entretiennent sur la question très controversée de la résurrection des corps et s’efforcent de répondre à ce  problème d’une grande complexité : est-ce avec le corps matériel et corruptible qui est le nôtre que nous ressusciterons ? Deux de ces personnages, Aglaophon et Proclus développent les thèses origéniennes, réfutées avec force par leurs adversaires, Eubule et Memian, tentant d’établir la doctrine traditionnelle. L’objectif de ce travail est de montrer que la réflexion sur le dogme de la résurrection, chez Méthode, s’inscrivant dans le grand débat suscité par les thèses d’Origène, entretient un rapport étroit avec la notion de personne humaine. Nous expliquerons en premier lieu comment notre auteur s’attache à sauvegarder l’identité du corps mortel et du corps ressuscité, mise en péril par le discrédit dans lequel le théologien alexandrin tient le corps et la primauté qu’il donne à l’âme. Voulant défendre avec ardeur le principe de l’unité de l’homme, Méthode prend ses distances envers les philosophies dualistes auxquelles adhère son adversaire. Nous en viendrons à aborder le problème des origines philosophiques de la pensée d’Origène et nous interrogerons sur d’éventuelles influences gnostiques. Nous privilégierons les axes suivants : la pensée d’Origène sur la matière, le corps et l’âme, la notion d’eidos, les arguments d’ordre scientifique, théologique, christologique et scripturaire sur lesquels s’appuie Méthode. On se heurte alors à un problème délicat car l’évêque d’Alexandrie cherche un mode de résurrection en accord avec les exigences légitimes de la raison et la tradition chrétienne. D’où les éclaircissements à apporter sur les termes désignant  la forme, appliqués au corps dans l’ensemble de son œuvre : eidos, morphè et schema. Il n’est pas certain que Méthode ait dégagé le sens philosophique que leur attribue Origène. Finalement ce traité traduit l’embarras des penseurs chrétiens partagés entre une vision dualiste de l’homme, transmise par des courants de pensée imprégnés de Platon et  la philosophie d’Aristote présentant peut- être certaines analogies avec l’anthropologie hébraïque. Nous voudrions mettre en lumière la résonance des idées défendues par l’évêque d’Olympe sur les Pères des siècles postérieurs : au IVe siècle, Epiphane de Salamine, qui reprend les actes d’accusation de Méthode, Grégoire de Nysse, insistant lui aussi, sur la possibilité de la restauration de notre corps terrestre, grâce à la toute- puissance divine. Nous pouvons percevoir chez Cyrille d’Alexandrie, au Ve siècle, un acharnement à sauver l’intégrité de la personne humaine dans la résurrection, proche de celui de Méthode.  Comme son prédécesseur, il condamne la croyance d’Origène à la préexistence des âmes et les erreurs de ce dernier sur la résurrection. Parmi les Pères latins, nous nous intéresserons à Saint Augustin : afin de répondre aux difficultés soulevées par les hérétiques, il exprime les mêmes vérités fondamentales : l’homme est un tout, le salut s’adresse au corps et à l’âme, la résurrection sera pour le corps le retour à la perfection prélapsaire.
Nous étendrons enfin nos recherches aux théologiens du Moyen Âge, tout particulièrement à ceux du XIIIe siècle : Jean de la Rochelle, Saint Bonaventure et Saint Thomas. Là encore, dans l’anthropologie élaborée par ces philosophes, héritée d’Aristote, on peut discerner la ferme volonté d’affirmer l’unité naturelle de l’âme et du corps, face à des opposants professant la distinction platonicienne des deux principes. Nous trouvons un écho de ces deux courants et donc des deux grandes conceptions de l’homme qui s’affrontent depuis l’époque de Méthode d’Olympe : celle de Platon et du Néoplatonisme,  réduisant l’homme à une âme revêtue d’un corps, et celle d’Aristote assurant que l’âme ne possède d’être individuel que jointe au corps. Il nous semble particulièrement intéressant que saint Thomas appuie sa démonstration sur des passages des Écritures examinés par Méthode d’Olympe dans le « De resurrectione », qu’il analyse les mêmes objections opposées à l’intégrité du corps ressuscité, et qu’il considère lui aussi, le refus de la résurrection de la personne humaine dans sa totalité comme une hérésie. Nous souhaiterions que cette recherche permette de mesurer l’apport considérable de ce Père de l’Église, peu connu dans l’histoire de la Patristique, au dogme de la résurrection, objet de si nombreuses controverses.

" Abel Souris et Jean Rose à l'école du théâtre antique : édition, traduction et commentaire de deux tragédies latines issues du collège de Navarre (1557-1558) "
Éric Syssau
Directeur(s) de thèse
Jean-Frédéric Cheavlier
Composition du jury
  • Jean-Pierre BORDIER, professeur des Universités, université Paris 10-Nanterre, rapporteur du jury
  • Jean-Louis CHARLET, professeur des Universités, Aix-Marseille Université, rapporteur du jury
  • Alain CULLIÈRE, professeur des Universités, université de Lorraine
  • Sylvie LAIGNEAU-FONTAINE, professeur des Universités, université de Bourgogne
  • Jean-Frédéric CHEVALIER, professeur des Universités, université de Lorraine, directeur de thèse
Date et heure de soutenance
Résumé

Le présent travail contribue à la connaissance du théâtre joué dans les collèges parisiens au seizième siècle par l’édition, la traduction et l’analyse de deux tragédies latines issues du collège de Navarre. Ces oeuvres, demeurées manuscrites, presque contemporaines l’une de l’autre, ont pour caractéristique commune de s’inspirer de l’histoire profane française. Le Destin contraire des Français en Vermandois et la chute affligeante du très vaillant duc d’Estouteville et comte d’Enghien (Paris, 1557, Bibl. nat. ms fonds latin 8136) est due à un professeur d’origine rouennaise, Abel Souris, et déplore la tragique « chute » de Jean de Bourbon, récente victime de la bataille de Saint-Quentin. Chilpéric (Paris, [1558], bibl. mun. Chaumont ms 213 (3-I-5 k)) résulte du travail de Jean Rose, élève chaumontais d’une quinzaine d’années, lecteur des Histoires des Francs de Paul Émile et de Robert Gaguin. Elle met en scène la cruauté du roi mérovingien et son meurtre perpétré à l’instigation de son épouse adultère Frédégonde. L’étude des sources littéraires des deux pièces atteste une parfaite connaissance de Sénèque, bien sûr, mais aussi des dramaturges néolatins contemporains que sont Buchanan, Muret et Roillet. Une attention particulière a complémentairement été consacrée à la restitution du cadre scolaire (recherches sur l’établissement, ses résidents et sa bibliothèque d’humanités en 1557-1558) ainsi qu’aux témoignages immédiats de la pratique théâtrale au collège de Navarre (représentations de 1533 et 1572). La biographie des auteurs – qui ont poursuivi des carrières d’ecclésiastique et de magistrat – a également été précisément reconstituée par recours aux archives.

Abstract:
This work contributes to knowledge of theatrical performances in Parisian colleges in the sixteenth century through the editing, translation and analysis of two Latin tragedies written by students at the College of Navarre. The manuscript plays were almost contemporary and were both inspired by French secular history. The Dire Fate of the French in the Vermandois Region and the Distressing Fall of the Most Valiant Duke of Estouteville and Count of Enghien (Paris, 1557, Bibl. nat. ms fonds latin 8136) was written by a teacher from Rouen, Abel Souris, and laments the tragic “fall” of Jean de Bourbon, recently killed in the battle of Saint-Quentin. Chilperic (Paris, [1558], bibl. mun. Chaumont ms 213 (3-I-5 k)) was the work of Jean Rose, a fifteen-years-old student from Chaumont, who was familiar with Paolo Emili’s and Robert Gaguin’s History of the Franks. It stages the cruelty of the Merovingian king and his murder instigated by his adulterous wife Fredegund. A study of the literary sources of both plays reveals a sound knowledge of Seneca, of course, but also of the work of contemporary neo-Latin dramatists, Buchanan, Muret and Roillet. Special attention has been paid to the scholastic context (research into the college, its students and its library of the humanities in 1557-1558) and to accounts of theatrical activity at the College of Navarre (performances in 1533 and 1572). The authors’ later lives – one became an ecclesiastic and the other a magistrate – have been carefully reconstructed through archival research.

" Le théâtre de Giovanni Armonio Marso : étude dramaturgique et traduction "
Marie-Odile GROSSELIN-HARTER
Directeur(s) de thèse
Jean-Frédéric Chevalier
Composition du jury
  • Jean-Louis CHARLET, professeur des Universités, Aix-Marseille Université, rapporteur du jury
  • Jean-Claude TERNAUX, maître de conférences HDR, université de Reims, rapporteur du jury
  • Alain CULLIÈRE, professeur des Universités, université de Lorraine, président du jury
  • Jean-Frédéric CHEVALIER, professeur des Universités, université de Lorraine, directeur de thèse
Date et heure de soutenance
Résumé

Johannes Harmonius Marsus (Giovanni Armonio Marso), poète humaniste vénitien de la fin du Quattrocento, a notamment composé en latin deux pièces de théâtre : une comédie intitulée Stephanium, très proche de la fabula palliata romaine, et une tragédie historique, De rebus Italicis deque triumpho Ludovici XII regis Francorum, pour célébrer l’entrée triomphale du roi français à Milan en 1499. Alors que la comédie a connu un succès réel dès sa première représentation et que, à l’inverse, la tragédie est restée complètement inconnue, il a paru important d’approfondir les caractéristiques dramaturgiques de ces deux pièces marquées par la recherche constante de l’effet spectaculaire au service d’une intention édifiante. Notre traduction des deux pièces, la première en français, a ainsi été réalisée avec le souci de mettre en valeur le jeu scénique à travers lequel se dessine une nouvelle approche de la comédie et de la tragédie. L’étude du contexte d’écriture et la recherche des sources et modèles littéraires antiques (principalement Plaute et Térence d’une part, Sénèque et Claudien d’autre part) ont été réalisées dans le prolongement des travaux pionniers de Gilbert Tournoy (1978) pour la tragédie et de Walther Ludwig (1971) et Graziella Gentilini (1983) pour la comédie. Par l’étude des similitudes et différences entre ces deux oeuvres, nous avons essayé de définir l’originalité de l’esthétique dramatique de l’auteur, ainsi que la place de chacune des deux pièces dans l’histoire de la réception des modèles poétiques de l’Antiquité et de l’élaboration, sans cesse renouvelée, du théâtre latin humaniste.